DOSSIER – Envoyer de l’argent, monter une entreprise, construire une maison… les Africains plébiscitent les serivces de transfert d’argent

Western Union, MoneyGram, Afrimarket… Les services de transfert d’argent ont la cote. Des immigrés africains, soucieux d’aider leur famille restée au pays, sont les premiers clients de ces plates-formes devenues incontournables. Bien plus que des intermédiaires, elles font désormais office de partenaires financiers. 

Envoyer de l’argent, construire une maison ou monter une entreprise… les raisons sont nombreuses pour utiliser les services de transfert d’argent en Afrique : Western Union, MoneyGram, Afrimarket, etc. Force est de constater que les immigrés africains plébiscitent ces plates-formes afin d’aider leur famille restée au pays.

Ouvrir un cybercafé ou construire une maison

Moustapha, 32 ans, a jeté son dévolu sur Afrimarket. Le salarié dans le bâtiment a de la famille en Côte d’Ivoire. Par conséquent, il envoie deux fois par mois de l’argent au pays. D’une part, cet habitant de Stains, en Seine-Saint-Denis (93), utilise le service de transfert d’argent afin de faire livrer de la nourriture à sa mère, qui ne peut pas se déplacer, à Abidjan, la capitale ivoirienne. Par ailleurs, il met à disposition des aliments pour son grand frère vivant à Bouaké (grande ville du nord) à retirer directement dans un point de vente de la société. Pour ce jeune homme, c’est un moyen rapide et pratique pour soutenir à distance les siens.

Du même avis, Habiba, aide soignante d’une trentaine d’années, nous explique pourquoi elle a délaissé Western Union et Moneygram. « C’est trop cher. Il faut payer 12% de charges pour effectuer un transfert », se plaint cette Parisienne. Et de préciser : « Afrimarket, c’est beaucoup moins cher, il y a moins de commission, en plus on a la possibilité de payer en plusieurs fois. » Poursuivant, cette Ivoirienne nous confie : « Cela m’a permis d’aider mon oncle pour ouvrir un cybercafé, payer les ordinateurs, pour ainsi aider le reste de notre famille. »

De plus en plus d’Africains se servent de ces services de transfert d’argent afin de se doter d’un toit. « Je suis en train de me construire une maison en Côte d’Ivoire », nous apprend Moustapha. « Pour ce faire, j’ai envoyé de l’argent via Afrimarket qui, sur place, fournit en matériels ma famille : ciment, gravier, briques, etc. », souligne-t-il.

Afrique : un marché de 40 milliards de dollars

On assiste à une situation de quasi-monopole de la société américaine Western Union. Et MoneyGram, également originaire des Etats-Unis, occupe la deuxième place sur ce marché, puis vient loin derrière la start-up innovante française Afrimarket. Il faut dire que l’enjeu financier est énorme : en 2010, le marché africain pesait 40 milliards de dollars selon le site Grioo.com.

Fondé en 2013, « Afrimarket propose deux systèmes d’envoi de l’argent vers le continent : sous forme de bons d’achats (pour retirer des aliments dans les points de vente africains de la société) ou par le biais de la livraison des aliments directement dans le domicile du récepteur », nous informe Lucile Paisant, directrice Marketing du groupe. « Nos clients ont la possibilité d’envoyer à leurs proches plusieurs types de produits : pharmaceutiques, électroménagers ou matériels de construction », précise-t-elle.

Contacté par Nofi, Philippe Hugon, spécialiste de l’économie africaine à l’Iris, constate « l’explosion des transferts d’argent partout dans le monde ». « C’est-à-dire, l’argent transféré par les migrants représente aujourd’hui le montant de l’aide au développement », explique-t-il et de nuancer : « Le problème qui se pose c’est les coûts des transferts. Il faut réduire les marges. »

Sébastien Badibanga
Sébastien Badibanga
Journaliste-reporter, cool et branché. La politique est mon dada. J'aime aussi : la culture, les Etats-Unis, le PSG, l'électro et la mode. Je suis un épicurien qui croque la vie à pleine dent. "Je ne suis pas là pour plaire ou déplaire, mais pour porter la plume dans la plaie" (Albert Londres).

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