En Août 2013, Muna et Léna Lobé ont créé un cabinet international de consultants, véritable collectif de jeunes professionnels passionnés et passionnants comme elles aiment à le décrire, dont la mission principale est de faire découvrir et valoir les acteurs culturels et leurs actions à travers divers projets dans les domaines de la culture, de l’éducation et du développement.
(Interview Nofi)
Nofi : Pour commencer, expliquez-nous c’est quoi exactement le « Alexis Peskine and Acu-Painting Workshop in Jamaica » (Alexis Peskine et l’Atelier d’Acu-peinture en Jamaïque) ?
Muna Lobé : Il s’agit d’un atelier très complet qui met en valeur presque tous les arts visuels : photographie, graphisme, design, peinture, et sculpture dirigé par l’artiste français et afro-brésilien, Alexis Peskine, à l’Ecole des Beaux-arts de Kingston en Jamaïque (The Edna Manley School of the Visual and Performing Arts, l’école des Beaux-arts de toute la Caraïbe anglophone). Alexis a acquis une reconnaissance internationale pour sa maîtrise de l’acu-peinture, une technique caractérisée par l’utilisation de clous à même la toile conférant à l’œuvre une qualité tridimensionnelle.
Parlez-nous de votre entreprise…
AYA Consultancy & Training Solutions ou AYA est un cabinet de consultants fondé et dirigé par deux associés – Muna et Léna Lobé en août 2013.
Pour nos projets, nous recrutons des consultants qui apportent leur expertise et expérience afin de répondre le mieux possible aux besoins de nos clients et collaborateurs et d’atteindre nos objectifs. Sur ce projet par exemple, nous avons constitué une équipe de quatre consultants à temps plein : la directrice artistique qui a élaboré la plateforme visuelle du projet et l’alimente ainsi que notre page Facebook chaque semaine, le photographe / réalisateur qui se charge de saisir l’évolution du projet en temps réel et qui réalisera un film d’art sur le processus de création artistique, la chef de projet et la « gestionnaire des finances » ou tout simplement comptable dont le rôle n’est plus à décrire (Rires). Notre équipe travaille dans les Caraïbes, en Afrique et en Europe. Internet rend ce mode de travail possible et particulièrement efficace malgré les aléas de la connexion ! (Rires)
Chaque agence a sa spécialité, quelle est la vôtre ?
AYA a pour mission de monter avec des professionnels de la culture (artistes, journalistes, enseignants, entrepreneurs, militants associatifs, institutions, associations, entreprises privées, etc.) des projets à vocation éducative, culturelle et de développement. Nous choisissons des projets novateurs et originaux qui mettent en valeur les acteurs et actrices de la diaspora afro-caribéenne. Nous valorisons la collaboration, l’échange d’idées et le dialogue. En d’autres termes, nos clients sont nos collaborateurs. Notre stratégie évolue au fil de leurs idées et envies. Nous établissons le contact et effectuons le suivi avec les institutions et le secteur privé, nous recherchons les financements, nous nous chargeons de toute la logistique (voyage, hébergement, conférences de presse et rencontres, montage de l’exposition finale) dans le cadre d’un projet à grande échelle, comme c’est le cas avec Alexis Peskine et nous administrons la plateforme visuelle, témoin du travail accompli.
Pourquoi avez-vous choisi ce positionnement ?
Fruits de multiples cultures et ayant vécu en Europe, aux Etats-Unis, en Afrique et dans les Caraïbes, nous sommes persuadées que les acteurs socioculturels Afrodescendants doivent acquérir une plus grande visibilité. Nous croyons fermement que nous avons tout à gagner en mutualisant nos énergies et forces constructives et en favorisant les partenariats. Il est de surcroît tout à fait possible de combiner culture, éducation et développement. Cet atelier mais aussi le projet mené l’année dernière avec une chorégraphe et professeur de danse Africaine – Americane sur la création d’un groupe de jeunes musiciens et danseurs Caribéens ne fait que confirmer que ces trois axes – culture, éducation et développement- sont intrinsèquement liés.
Pourquoi avez-vous choisi de promouvoir particulièrement les artistes noirs ?
Nous promouvons tous les acteurs de la culture, pas seulement les artistes. Nous privilégions la diaspora afro-caribbéenne car elle regorge d’une richesse culturelle infinie et demeure encore méconnue d’un large public aussi bien en Occident qu’ailleurs. De nombreux ponts restent à construire par exemple entre la Caraïbe et le continent africain ou bien l’Afrique et l’Amérique latine. Les espaces diasporiques sont nombreux, variés et tout simplement fascinants. Notre prochain projet sera très certainement tourné vers l’Amérique latine…
Pensez-vous que les artistes noirs n’ont pas suffisamment d’exposition ?
Nous pensons que les artistes Afrodescendants doivent diversifier leur production artistique et participer encore et toujours au débat sociopolitique des sociétés dans lesquelles ils œuvrent. Leurs points de vue, leurs voix, les problématiques qui leur tiennent à cœur doivent être davantage explorés et partagés. Nous ne pouvons parler d’universalisme sans intégrer tous les éléments qui composent notre vaste et beau monde… comme Chimamanda (Ngozi Adichie) le dit merveilleusement, sinon nous risquons de n’avoir qu’une seule histoire à raconter.
Revenons sur Alexis Peskine…
Alexis Peskine est un artiste complet et de talent – photographe, graphiste et peintre – qui produit de manière prolifique des œuvres contemporaines dont les thèmes forts sont l’identité, la féminité et la masculinité, la négritude, la résistance, la résilience, l’ostracisme, l’afro-futurisme, et bien d’autres. Ces sujets incitent à la réflexion et au dialogue.
Quelle est sa valeur ajoutée ?
Alexis est d’origine franco-russe et afro-brésilienne. C’est un éternel voyageur, riche de rencontres et d’aventures artistiques hors du commun. Son désir de transmettre et d’enrichir les plus jeunes fait de lui un enseignant et un artiste généreux et conscient.
Pourquoi avez-vous choisi de monter ce projet avec lui ?
L’œuvre artistique d’Alexis Peskine et son engagement à former et collaborer avec de jeunes étudiants et/ou artistes issus de quartiers populaires à travers le monde coïncide parfaitement avec la mission d’AYA. Après, Bahia, Dakar, Casablanca, et Paris, il était temps de s’attaquer à Kingston et donc la Caraïbe… Une belle boucle…loin d’être bouclée…
Pour plus d’informations sur l’atelier d’Acupeinture, acupaintingja
Prochainement sur Nofi.fr, l’interview de l’artiste Alexis Peskine depuis la Jamaïque