Alors que la mort de jeunes noirs des mains de policiers américains eut été l’objet d’une couverture médiatique nationale et internationale l’année dernière, la mort dans ces conditions de jeunes Noirs brésiliens est apparue bien plus discrètement dans les médias. Pourtant, en novembre dernier, Amnesty International lançait la campagne Jovem Negro Vivo ‘Jeunes Noirs en vie’.
Les chiffres sont en effet alarmants. En 2012, 77% des jeunes de 15 à 29 ans tués étaient des Noirs.
La responsabilité de la police brésilienne dans ce qui a été qualifié de génocide ancré dans un racisme institutionnel par certains activistes a été notée par des études, dont l’une montrant que dans la ville de São Paulo, la police tuait trois fois plus de Noirs que de Blancs où encore que la police Brésilienne tuait six personnes par jour en moyenne, un taux cinq fois plus élevé que celui des Etats-Unis.
Le 6 février dernier, à Salvador de Bahia, la police militaire s’était rendue, d’après elle pour répondre à des appels concernant le braquage d’une banque dans le quartier de Cabula. Selon elle, des échanges de coups de feu auraient eu lieu et 12 jeunes hommes noirs, décrits comme assaillants en seraient morts, contre un officier de police, légèrement touché. Deux jours plus tard, à la suite d’autres descentes policières dans les quartiers de Sussurana et de Cosme Farias, trois autres jeunes hommes noirs, apparemment innocents furent tués par des tirs policiers.
Selon plusieurs témoignages concordants d’habitants du quartier de Capula et témoins du massacre, les jeunes victimes s’étaient rendues à la police et n’étaient pas en position d’assaillants avant de se faire tuer.
Devant ces injustices, des mouvements locaux tels que Reaja ou sera morto/a « réagis ou tu te feras tuer » ont demandé qu’une loi stipulant que les meurtres subis par les jeunes noirs fassent l’objet d’une enquête, ce qui constituerait un tour de force dans un pays où moins de huit pour cent des homicides font l’objet d’une enquête.
Les habitants du quartier, comme des membres de Reaja ou sera morto/a ont déclaré subir les menaces et tentatives d’intimidations de la police dans ces affaires et d’après Amnesty International, il existerait des preuves qu’aucune analyse de la scène du crime ait été réalisée et que celle-ci ait été modifiée. De son côté, le gouvernement de Bahia a décliné toute faute, prétendant que ces morts seraient le fruit de la légitime défense.