Lors d’une interview avec notre confrère Chris Witherspoon de TheGrio.com pour la promotion de son nouveau film Da Sweet Blood of Jesus, le réalisateur afro-américain Spike Lee a déclaré être d’accord avec le terme d’ ‘Invasion noire britannique’ du cinéma US proposé par son interlocuteur en référence au grand nombre d’acteurs noirs britanniques perçant à Hollywood.
Citant des acteurs comme Zaraah Abrahams (présente lors de l’interview), David Oyelowo, Carmen Ejogo, Lupita Nyong’o, Chewitel Ejiofor, Idris Elba, et Gugu Mbatha-Raw, Lee a ainsi dit : “Ils se perfectionnent sur les planches, ce qui fait que leur jeu théâtral est excellent. Ici aux Etats-Unis, ils ne font pas le boulot, il faut qu’ils travaillent. Ils doivent prendre des cours. C’est la même chose qu’avec la musique. Les gens font un clip et ils croient que ça veut dire qu’ils qu’ils sauront chanter en live devant un public ; ce sont deux choses différentes”.
Qu’est-ce que j’en pense ? Qu’il y a peut-être du vrai là-dedans, mais que de dire que ces acteurs britanniques sont meilleurs que les Afro-Américains peut mettre en danger la popularité des acteurs noirs britanniques auprès du public afro-américain et plus généralement les relations entre Noirs issus de l’immigration et américains aux Etats-Unis.
On avait déjà pu observer ce type de commentaires à l’endroit d’immigrés africains aux Etats-Unis lorsqu’avaient été mises en avant des études montrant, depuis les débuts des années 2000 le statut de minorité modèle, de par son degré d’éducation supérieure aux autres, des immigrés d’origine africaine aux Etats-Unis. Notons en outre que contrairement au regroupement de Spike Lee, Lupita Nyong’o n’est pas britannique et que de par son éducation théâtrale aux Etats-Unis, elle devrait être classée parmi les acteurs américains expliquant simplement en terme de travail et d’entraînement partagés par Afro-Américains et Noirs du reste du monde et non en terme de nationalité ou d’origine . Comme on l’a dit, cela aurait le mérite de ne pas attiser de tensions stériles entre Noirs. Heureusement, certains ne semblent pas tomber dans ce piège: