Les 19, 20 et 21 février 1919 avait lieu à Paris le Premier Congrès Panafricain.
Aujourd’hui, les conférences sur le sort des Noirs dans le monde font légion. A Paris, à Londres, à Dakar ou à Philadelphie, on assiste ainsi régulièrement à des conférences d’intellectuels noirs venus du monde entier s’entretenant sur leur avenir. Il y 96 ans était organisé à Paris le premier congrès panafricain. Et contrairement à nos colloques qui se réalisent en deux temps trois mouvements à coup de mails et de passeports, il s’agissait à l’époque d’un parcours du combattant.
Ainsi, après l’affaiblissement de l’Europe et en particulier de l’Allemagne défaite lors de la seconde guerre mondiale, des Noirs des Amériques tentèrent de participer à la signature du futur Traité de Versailles de 1919 et d’obtenir la libération des colonies africaines de l’Allemagne vaincue et par extension du reste de l’Afrique, sous la forme d’un seul état africain.
A la tête de ce mouvement se trouvaient notamment Marcus Garvey et W.E.B. DuBois. Aucune de ces deux grandes figures du panafricanisme ne reçut d’autorisation pour se rendre à Paris.Mais DuBois bénéficia d’une autorisation de journaliste pour quitter les Etats-Unis le 1er décembre 1918 en espérant représenter les Noirs à Paris au moment du traité de Versailles. Il arrive dans la capitale française le 5 février 1918. Faute de pouvoir participer directement au traité de Versailles, du Bois chercha à organiser un congrès panafricain, non sans difficultés, puisqu’il est sans cesse surveillé par les services secrets français.
Pour ceci, DuBois entra en contact sur place avec le Sénégalais Blaise Diagne, sous-secrétaire des colonies et commissaire général des troupes noires françaises. Celui-ci convainc Georges Clémenceau, le Président du Conseil français de lui donner son autorisation pour l’organisation du congrès. Les Français ne voient en effet pas cette conférence comme dangereuse comme les Américains.
Elle permettra au pays de Clémenceau de montrer son image d’ouverture raciale en comparaison avec les Etats-Unis et peut-être gagner des points dans la ‘récupération’ des colonies africaines de l’Allemagne. Les Britannniques s’opposent aussi à la manifestation et refuse de délivrer des passeports au ressortissants de ses colonies. Seulement 57 personnalités de 15 pays du monde noir de l’époque participent, les 19, 20 et 21 mars 1919, au Premier Congrès Panafricain.
Présidé par Diagne et avec DuBois parmi les secrétaires, il allait demander l’égalité avec les colons pour les Noirs civilisés, une éducation de masse en Afrique, un passage progressif au gouvernement indigène dans les colonies, etc. Du Bois tenta de transmettre ces conclusions aux tenants du Traité de Versailles qui eut lieu en Juin 1919. Les objectifs d’une Afrique libérée et gouvernée d’elle-même étaient loin d’avoir été réalisés ; mais cette première tentative d’union de Noirs du monde entier par Du Bois allait ouvrir le leadership e ce grand panafricain et engendrer des générations de nationalistes panafricains qui allaient se battre pour l’indépendance de leurs nations, en Afrique comme en Amérique.