Kévi Donat : « Le Paris Noir ou une autre vision de la ville lumière »

Ses visites du Paris Noir, en français comme en anglais, attirent aussi bien les Français que les touristes étrangers. Son idée c’est de faire découvrir un autre visage de Paris, en dehors des clichés : Notre-Dame et Tour Eiffel. Guide touristique non engagé, Kévi Donat propose des parcours retraçant l’histoire des Noirs de France. 

(Interview Nofi)

Nofi : Expliquez-nous en quoi consistent les visites du Paris Noir ?

Kévi Donat : C’est un ensemble de visites de Paris. Au départ, on a appelé ce concept le « Black Paris Walks » mais, désormais, on le nomme « Le Paris Noir » : deux visites de deux heures et deux visites de trois heures trente. Il y a même des visites à la demande. L’idée c’est de proposer plusieurs parcours retraçant l’histoire des grandes figures intellectuelles et historiques africaines, afro-américaines ou encore antillaises. Notre public, les Français, Anglais et Américains, veut découvrir Paris autrement. Nos visites se déroulent principalement dans le 18e arrondissement de Paris.

Pourquoi avez-vous choisi de faire visiter le 18e arrondissement de Paris ?

Parce qu’il y a dans cet arrondissement le quartier de la Goutte-d’or qui abrite Château Rouge, une centralité regroupant la communauté africaine de Paris. Nous proposons aux touristes de visiter ces quartiers pour battre en brèche les préjugés qui ternissent leur image. En plus, nos clients adorent car c’est dépaysant tout en étant à Paris Intra-muros : ça reste donc accessible en transports en commun.

D’où vous êtes venue cette idée ? Racontez-nous la génèse de votre projet…

Cette idée coule de source. En fait, j’étais guide touristique avant de me lancer dans Le Paris Noir. De plus, j’ai toujours été intéressé par ces thèmes concernant l’histoire des Noirs de France. Avec ce bagage culturel, je me suis dit : Paris est une ville très touristique et les touristes en raffolent de la diversité de Paris. Par ailleurs, la ville lumière abrite une population cosmopolite : maghrebine, africaine et asiatique. Du coup, j’ai décidé de faire découvrir l’autre Paris qui sort des clichés comme Notre-Dame et la Tour Eiffel. Mais, il faut savoir que ce concept existe notamment aux États-Unis, en Angleterre, aux Pays-Bas. Avant que j’arrive sur le marché, les visites proposaient uniquement un tour afro-américain. Le Paris Noir retrace l’histoire des Noirs qui ont marqué l’histoire de France à l’image de Césaire ou Senghor etc.

Est-ce qu’il y a un lien entre Le Paris Noir et la Black History Month ?

Bien sûr, qu’il y a un lien entre Le Paris Noir et la semaine de la Black History Month en compagnie de Malaak Shabazz, la fille de Malcom X. Plusieurs associations, comme le CRAN, cherchent à mettre en avant mon concept. Mais, c’est dans le cadre d’une visite organisée par Le Paris Noir que je l’ai rencontrée la semaine dernière. Et, au mois de mai, je serai amené à participer à la commémoration de l’Abolition de l’esclavage. D’où mon envie de trouver des passerelles en lien avec la cause noire.

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Quelle est votre différence ou valeur ajoutée par rapport à vos concurrents dans ce domaine ?

Je ne sais pas. Je ne peux pas dire que je suis meilleur que mes concurrents. Je suis Français et j’ai 30 ans. Je propose aux touristes une vision de la diversité vécue par un Français. Les autres ont commencé avant moi. En revanche, je suis passionné par mon métier et j’essaye au mieux de valoriser un point de vue français. Lorsqu’on parle de la question des Noirs, on parle souvent des Afro-Américains. On oublie un peu la mémoire des résistants, des tirailleurs sénégalais… alors qu’il y a de plus en plus d’individus qui se revendiquent de la diaspora africaine. Par exemple : en Angleterre, John Pitts a créé le site Afropean pour promouvoir la présence des populations afro ou caraïbéennes en Europe. Enfin, Cécile Emeke présente une série documentaire « Flâner » (voir la vidéo à la fin de l’interview) dans laquelle elle réalise des interviews des personnes originaires de l’Afrique ou des Caraïbes en les questionnant sur la diversité.

 Vous n’avez que 30 ans. Visiblement vous aimez votre métier. Donc, quelles sont vos ambitions ?

Comme beaucoup d’autres guides, je fais aussi des visites classiques (Notre-Dame, Marais, Montmartre etc.) et Le Paris Noir est mon petit plus ! Cependant, j’ai une grande envie de continuer afin d’accroître mon réseau professionnel notamment avec des associations, des écoles ainsi que des particuliers. J’avoue que cela ne me déplairait pas de passer à la vitesse supérieure avec de plus en plus de groupes qui s’intéressent à mon projet.

Les visites du Paris Noir retracent l’histoire des Noirs de France. Est-ce qu’on peut dire que vous défendez la cause noire ?

Je ne suis pas particulièrement militant. Bien sûr, j’ai des opinions politiques mais une visite reste une visite : il ne s’agit guère d’un meeting politique. Cela dit, j’en tire une satisfaction personnelle. Au début, certains touristes étaient sceptiques par rapport à la durée des visites -entre deux heures et 3 heures trente. Finalement, après avoir parcouru toutes les étapes de l’excursion, ils sont satisfaits et veulent recommencer.

Site internet : http://www.leparisnoir.com/

Likez la page Facebook Black Paris Walks pour avoir des infos sur les visites et leur univers

https://www.youtube.com/watch?v=3h3-sOFnLYY

Sébastien Badibanga
Sébastien Badibanga
Journaliste-reporter, cool et branché. La politique est mon dada. J'aime aussi : la culture, les Etats-Unis, le PSG, l'électro et la mode. Je suis un épicurien qui croque la vie à pleine dent. "Je ne suis pas là pour plaire ou déplaire, mais pour porter la plume dans la plaie" (Albert Londres).

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