Huey Newton (1942-1989) est un des deux co-fondateurs du Black Panther Party.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofipédia
Jeunesse
Huey Percy Newton est nĂ© le 17 fĂ©vrier 1942 Ă Monroe en Louisiane. Avec ses parents Walter et Armelia Newton ainsi que ses six grands frĂšres et soeurs, il allait toutefois dĂ©mĂ©nager dans la rĂ©gion de San Francisco en Californie. Bien qu’il ait avouĂ© ne manquer de rien, il commit de nombreux crimes mineurs et son intĂ©rĂȘt pour l’Ă©cole fut trĂšs limitĂ© et il dĂ©clara que celle-ci tua toute envie en lui d’apprendre et lui donna honte d’ĂȘtre noir.
Il sortit diplĂŽmĂ© du lycĂ©e en 1959 sans savoir lire, une lacune qu’il comblera quelque temps aprĂšs et s’inscrira plus tard en droit Ă l’UniversitĂ© de Merritt Ă Oakland.
Le Black Panther Party
A Merritt, il s’intĂ©resse Ă la politique, rencontre d’autres jeunes Ă©tudiants afro-amĂ©ricains inspirĂ©s par la tradition militante inspirĂ©e de Malcolm X et lit abondamment la littĂ©rature marxiste. Il y rencontre notamment Bobby Seale avec qui il va fonder le Black Panther Party dont il sera le Ministre de la DĂ©fense, Bobby Seale le PrĂ©sident et ‘Little’ Bobby Hutton la premiĂšre recrue et le trĂ©sorier.
Cette structure avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1966 pour prendre le relais du mouvement des droits civiques pacifique du dĂ©but des annĂ©es 60, qui s’il a Ă©tĂ© capable d’obtenir officiellement des droits civiques n’avait pu apporter un vĂ©ritable poids politique et Ă©conomique aux Noirs dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine oĂč ils souffraient toujours de discrimination et de violences policiĂšres. AprĂšs la mort d’un jeune Noir non-armĂ© des mains d’un policier, ont lieu de violentes Ă©meutes menĂ©es par des Noirs du Ghetto, une violence que Newton entrevoit d’utiliser pour crĂ©er une patrouille qui permettrait d’empĂȘcher les bavures policiĂšres par la violence si nĂ©cessaire. Il se documente donc sur les lois relatives au port des armes Ă feu et crĂ©e donc avec Bobby Seale le Black Panther Party for Self-Defence, un parti anti-capitaliste, socialiste et rĂ©volutionnaire. La violence, et non la religion comme d’autres organisations militantes noires comme la Nation of Islam le prĂ©tendaient pouvaient faire avancer la cause noire.Les annĂ©es suivantes, il allait personnellement et dans le cadre du parti s’employer à recruter de nouveaux membres du parti, Ă les conscientiser, les aider socialement et parfois Ă canaliser leur violence dans une perspective qu’il percevait plus noble, celle du changement social.
ProblĂšmes judiciaires
En 1967, Huey Newton passa 6 mois en prison en 1968 pour avoir agressĂ© Ă coup de couteau un autre homme en 1964. Le matin de sa sortie de prison, le 28 octobre 1968, il fut interpellĂ© avec son ami par l’officier de police John Frey qui, en rĂ©alisant qu’ila vait affaire Ă Newton appela du renfort. Lorsque l’officier Heanes arriva il fut blessĂ© de trois balles et Frey tuĂ©, victime de quatre coups de feu. Newton, blessĂ© d’une balle Ă l’abdomen Ă©tait transfĂ©rĂ© Ă l’hĂŽpital oĂč il allait ĂȘtre arrĂȘtĂ© puis emprisonnĂ© pour l’homicide volontaire de Frey en septembre 1968.
Il sortira de prison en 1970, mais aura de nouveaux dĂ©mĂȘlĂ©s judiciaires, Ă©tant accusĂ© de meurtre et d’agression sur deux personnes aprĂšs que celles-ci l’aient appelĂ© ‘baby’, un surnom d’enfance qu’il dĂ©testait. Il fuira en 1974 les Etats-Unis pour Cuba avec sa future Ă©pouse Fredrika afin d’Ă©chapper aux procĂšs relatifs Ă ces affaires. A son retour en 1977, il sera accusĂ© d’avoir commanditĂ©Â une tentative manquĂ©e de meurtre de deux tĂ©moins d’un des deux crimes dont il avait Ă©tĂ© accusĂ© et d’avoir commanditĂ©Â la tentative de meurtre d’un supposĂ© complice dans cette affaire. S’il obtint un doctorat en 1980 de l’UniversitĂ© de Californie Ă Santa Cruz en histoire de la conscience, l’image dĂ©jĂ effritĂ©e du jeune militant Ă©pris de justice sociale allait sĂ©vĂšrement se morceler, notamment aprĂšs sa dissolution du BPP en 1982 aprĂšs qu’il eĂ»t Ă©tĂ© accusĂ© d’avoir dĂ©tournĂ© une importante somme d’argent issue d’une aide de l’Ă©tat destinĂ©e au financement d’une Ă©cole communautaire fondĂ©e par le parti. Les derniers mots qu’il aurait prononcĂ© avant d’ĂȘtre tuĂ© le 22 aoĂ»t 1989 par un jeune dealer et membre de la Black Guerilla Family avec qui il entretenait un diffĂ©rend depuis des annĂ©es rappellent toutefois la place que continuera longtemps Ă occuper Huey Newton dans l’histoire des Afro-descendants et plus gĂ©nĂ©ralement des rĂ©sistants Ă l’injustice:
« Tu peux me tuer, et tu peux prendre ma vie mais tu ne pourras jamais tuer mon ùme. Mon ùme vivra à jamais ».