De nombreux pays africains se sont mobilisés depuis plusieurs années pour le retour de leurs oeuvres d’art pillées lors d’expéditions coloniales.
En l’an 2000 était ouverte la section d’arts premiers du Musée du Louvre à Paris en France. Une véritable révolution qui avait fait grincer des dents puisque des responsables du Louvre avaient montré leur mécontentement plus ou moins dissimulé à accueillir des objets de culture qu’on appelle parfois encore aujourd’hui fois ‘primitifs’ au milieu des chefs d’oeuvre de la civilisation occidentale. On laissa donc entrer, par mépris les oeuvres d’Afrique subsaharienne au Louvre, mais par la petite porte. Loin de les mêler aux oeuvres occidentales, on les plaça dans un lieu isolé du reste des collections, celui du Pavillon des Lions. En d’autres mots, on laisse entrer les Nègres chez nous s’ils dorment dans une cabane dans le jardin. Un bon vieux remix muséologique de la blague :
Après la discrimination de Noirs en boîte de nuit et la création de boîtes d’oeuvres pour Noirs en banlieue parisienne, on assiste donc à un phénomène similaire, celui d’un musée pratiquant la discrimination et de la création d’un propre musée leur étant consacré. Mais derrière cette question des musées français dans lesquels les oeuvres d’art africaines ont ou non le droit d’entrer se cache une question plus importante. Celui du rapatriement des oeuvres dans leurs pays d’origine. Car si la France peut aujourd’hui se targuer d’être la première destination touristique du monde, elle le doit en grande partie à ses anciennes colonies pillées par ses soins comme l’Egypte dont l’abondance des antiquités au Louvre dispenserait presque un visiteur passionné des pharaons s’y étant rendu de devoir voyager en Egypte. De nombreux pays africains se sont mobilisés contre des pays occidentaux pour récupérer leurs oeuvres.
L’Ethiopie et l’obélisque d’Axoum
Après son invasion de l’Ethiopie en 1937, Benito Mussolini, le leader de l’Italie fasciste, ordonnait à ses troupes d’emporter en Italie une des obélisques d’Axoum (4ème siècle de notre ère) comme trophée de guerre. En 1947, l’Italie signait un traité stipulant son devoir de rendre les oeuvres pillées en Ethiopie.
L’obélisque allait toutefois rester à Rome jusqu’en 2005, date à laquelle, le trésor éthiopien allait enfin retourner sur sa terre d’origine après une bataille diplomatique de près de 60 ans.
Le Nigéria et les bronzes de Benin
En 1897, à la suite d’une expédition punitive, des soldats britanniques attaquaient le royaume edo de Benin (actuel Nigeria). Ils pillaient alors une grande partie des oeuvres d’art de cette civilisation millénaire dont ses fabuleuses sculptures de bronze. Aujourd’hui, alors que le musée de Lagos ne compterait que dix sculptures de bronze, le British Museum en compterait plus de 200. Un déséquilibre qui a poussé le gouvernement nigérian en 2002 à formuler une demande officielle de rapatriement des bronzes de Benin auprès de la Grande-Bretagne. Si celle-ci a effectivement fini par rendre deux de ces oeuvres au Nigéria en juin 2014, rassembler les milliers d’oeuvres d’art edo au Nigéria semble une mission des plus délicates. La Grande Bretagne avait ainsi montré des réticences il y a quelques années à rendre d’autres oeuvres au Nigéria près que 20 des 30 oeuvres d’art rendues à celui-ci aient disparu à cause du manque de sécurité au Musée Nationale de Lagos.
Les Vigango du Kenya
Les Vigango sont des totems créés par les Mijikenda du Kenya. Contrairement à l’obélisque d’Axoum et à la plupart des bronzes de Bénin, les Vigango sont des objets qui ne finiront peut-être pas dans un musée lors de leur retour au Kenya. Il s’agit en effet d’autels dédiés aux ancêtres destinés à rester auprès des communautés villageois et à favoriser leurs récoltes jusqu’à leurs disparition par décomposition naturelle. 30 vigango ont été rendus au Kenya par le Denver Museum of Nature and Science en 2014.
Ces trente oeuvres d’art ne sont toutefois qu’une partie minime des Vigangos actuellement exposés à l’étranger. Les récupérer, comme l’ensemble des bronzes de Bénin sera une tâche longue et ardue mais qui devra être poursuivie par les futures générations d’Africains au delà des difficultés imposées par les musées occidentaux et les différentes législations en place et qui passera aussi par la remise en question de vendeurs d’art africains comme occidentaux ou du manque de sérieux des conservateurs de musées africains. Le prestige et le gain d’argent via le tourisme n’en est pas l’enjeu le plus important: il s’agirait plutôt de récupérer, comme on le ferait pour les restes d’un de nos proches décédés, de les enterrer là où ils l’auraient souhaité et que nos terres soient protégées par ceux là même qui ont contribué à l’aménager pour nous.