Interview d’Herve Babadi et de Kalvin Winson : Les acteurs de « Plus belle la vie » se confient

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Plus belle la vie est devenue une série emblématique en France. Depuis 2004, la série séduit en moyenne 5 millions de téléspectateurs chaque soir en traitant de sujets de la vie de tous les jours. Hervé Babadi et Kalvin Winson, acteurs de la série mais surtout jeunes plein de talent et passionnés par la comédie, ont accepté de répondre à nos questions.

Je vais d’abord vous demander de vous présenter chacun. Qui est Hervé Babadi ? Qui est Kalvin Winson ?

HERVE BABADI : Je m’appelle Hervé Babadi, je suis comédien depuis douze ans déjà. J’ai commencé par prendre des cours de théâtre. Après, j’ai fait beaucoup de courts métrages. J’ai intégré une troupe qui s’appelle Mystère Bouffe de commedia del arte. Après ça j’ai continué : des courts métrages, des publicités, des longs métrages et ainsi de suite.

KALVIN WINSON : Moi c’est Kalvin Winson, j’ai 23 ans. Ça fait bientôt cinq ans que je suis dans la comédie. J’ai commencé par une école de théâtre. Moi, je ne vis pas principalement de ça, pas encore. Je suis assistant post-production à Paris. J’ai commencé par des courts métrages. Le premier a été au festival de Cannes ou j’y ai gagné un prix. J’ai ensuite eu un agent, Stéphane Lefebre. J’ai ensuite pu jouer dans un long métrage et des téléfilms (un téléfilm sur Aimé Césaire diffusé sur France ô) avant de faire des séries (Toi-même tu sais, Pep’s… Etc.), j’ai fait beaucoup de séries dont la dernière avec Hervé : Plus belle la vie.

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On vous connait surtout pour vos rôles de Boris (Hervé Babadi) et d’Elie (Kalvin Winson) dans la série Plus belle la vie, comment votre aventure a-t-elle débuté ?

HB : Ça a commencé avec une audition par un directeur de casting. Au départ c’était un rôle qui devait durer une semaine et ça fait trois ans que ça dure ! Parce que le public s’est attaché au personnage. Aussi, à ma façon de jouer ils ont vu qu’on pouvait développer quelque chose !

KW : J’avais fait deux auditions dans Plus belle la vie, l’année dernière et cette année. La directrice de casting avait aimé ma façon de jouer et quand elle a eu besoin d’un comédien pour le rôle d’Elie, elle m’a appelé directement.

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Kalvin, vous avez été remplacé par un autre comédien pour le rôle d’Elie, pourquoi avoir interrompu votre rôle dans la série ?

KW : J’ai arrêté l’aventure pour diverses raisons. Ça n’est pas une fin en soi. J’ai appris de cette expérience là. J’en garde de très bons souvenirs et j’ai pu me faire de bonnes relations comme Hervé ou encore Sam Ourabah qui joue le rôle de Saïd. Maintenant je fais un One man show sur scène.

Comment se passe une journée de tournage dans Plus belle la vie ? (ambiance, horaires, méthode de travail) ?

HB : Alors, c’est très intensif ! On tourne un épisode par jour et plusieurs séquences (scènes). On peut, par exemple, tourner entre trois à huit scènes et il y a beaucoup de texte à apprendre. Du coup, il faut être très professionnel.

KW : Quand on fait, par exemple, huit scènes par jour, c’est très fatigant. Mais il faut savoir rentrer dans le moule. Pour ma part, ça m’a aidé à apprendre mes textes plus rapidement. Ce n’est pas toutes les séries qui travaillent de cette manière, où il faut fournir un tel effort dans le travail, mais au moins j’ai appris à être rapide et efficace. Est-ce que cette méthode de travail intensive vous apprend réellement à jouer ? Ça je ne peux pas vous le dire, je ne sais pas vraiment…

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Êtes-vous proches de vos personnages ?

KW : Moi… Oui, au début.

HB : Moi non. Je suis complètement aux antipodes de mon personnage. Je viens d’une cité, je viens des quartiers mais ce n’est pas les mêmes ambitions (rire) !

Vous n’aviez pas peur que ces rôles soit stigmatisant, de la population noire, des jeunes de banlieues ?

HB : C’est ce que je me suis dit au début, mais une fois que j’ai fait l’essai, j’ai lu le scénario et je me suis rendu compte que ça n’est pas l’image d’une grosse brute en fait. C’est quand même des jeunes qui veulent s’en sortir. Des jeunes qui découvrent un autre milieu social, qui s’y intègrent et qui rentrent dans le moule. D’un côté, l’image du jeune de cité qui a toujours des problèmes, je comprends que ça devienne un peu lourd. En tant que comédien j’ai pu faire d’autres rôles, pas seulement de mecs des cités. C’est la première fois que je fais un rôle de mec des cités.

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Que pensez-vous de la représentativité des noirs à la télévision ?

HB : J’aimerais voir plus de noirs entrepreneurs, patrons. On me sort « Harry Roselmack » comme exemple pour la communauté noire mais moi je dirais d’avantage « Pape Diouf ». Pape Diouf est un exemple pour moi. Je me reconnais plus en lui qu’un Harry Roselmack. Après c’est vrai qu’à la télévision ou au cinéma il n’y a pas beaucoup de comédiens noirs. On nous dit « Attendez ça va venir ! » Attendre quoi ? On représente aussi la France, il n’y a rien à attendre. Je sais qu’il y a une communauté derrière nous, on fait en sorte de bien la représenter.

Une petite exclusivité pour NOFI, Est-ce que Boris va se remettre avec Wendy ?

HB : (Rire) C’est top secret ! Malheureusement j’ai une clause de confidentialité mais je peux vous dire que c’est positif pour la suite !

Travailler pour Plus belle la vie est ce que ça paye bien ?

HB : C’est comme tous les boulots, au fil du temps on monte en grade et le salaire aussi. Moi, je vis de ça. Le salaire évolue au fil du temps par rapport à la cote qu’on a !

On a eu la chance de vous croiser à la Black Fashion Week, êtes-vous des fans de mode ?

HB : On était là-bas parce que ça concernait la communauté. C’est toujours bien de voir ce qui se passe chez nous. Et aussi, j’ai des amis créateurs qui étaient là-bas.

Selon vous, qu’est-ce qu’être Noir & Fier ?

HB : Etre Noir&Fier c’est marcher la tête haute, c’est avoir une identité, avoir une culture noire. Après, une culture noire ça reste ambiguë. Moi je me sens afropéen : c’est-à-dire français d’origine du Congo RDC.

KW : Moi aussi, je suis d’origine congolaise. Pour moi, Noir&Fier est un slogan. Pour être Noir&Fier il faut savoir d’où on vient, ne pas avoir peur de sa couleur.

Votre actu du moment ?

HB : Je suis sur deux longs métrages à venir. Je viens de faire une publicité qui va être diffusée sous peu.

KW : Moi je fais des vidéos (Kalvin92i) et je suis en One man show avec Othman (Oth’vines) au Samba show. A partir de janvier je suis sur une grande scène en Belgique et j’ai quelques petits projets qui vont arriver très bientôt.

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Un conseil à un jeune qui voudrait avoir la même carrière que vous ?

HB : De bien réfléchir ! (rire) C’est un métier très compliqué et difficile. Si vous le faites pour l’argent, ne le faites pas. Il faut le faire par soi-même. Maintenant, si on aime, il faut foncer, c’est une belle aventure, des belles rencontres.

KW : Moi je voudrais ajouter que ce n’est pas parce qu’il y a Omar Sy qui a réussi, qu’il faut croire qu’on sera tous Omar Sy. Les jeunes ont tendance à se rattacher à lui parce qu’il est la seule grosse « star » noire du cinéma français. Aux Etats-Unis ils ont des Denzel Washington et Cie, nous on a qu’Omar Sy. Les gens aiment se comparer. Moi j’ai 23 ans, j’ai fait ce métier là parce que je ne sais faire que ça. Alors si tu penses pareil que moi, fonce et n’écoute pas ce que les gens te disent.

Une dernière chose à ajouter ?

HB : Merci à vous et longue vie à vous. En espérant que le magazine ira loin. Encore plus loin que vous ne l’êtes déjà !

Naya
Naya
Fan de séries, de rock indé et des années 1990, elle pond des chroniques sur sa vie de femme noire en France et sur sa phobie des joggings Lacoste. Sur le net, vous la retrouverez plus facilement sous le nom de "La Ringarde", son identité secrète de super héroïne.

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