INTERVIEW DE DANIEL NGEA NA MOUEN, PLUME AFRICAINE POUR L’AUTO-ELEVATION

DNNM: « Je ne suis ni chrétien ni musulman, ma religion c’est l’Afrique. »

L’auteur Daniel NGEA na MOUEN nous livre son dernier manuscrit, « le petit livre vert » Sur les cendres, l’espoir.Ce recueil est comme les histoires que racontent les grands-mères à leurs petits-enfants. Des vers qui sont à la fois poèmes et des contes, qui retracent la grandeur et la chute de l’Afrique. Comme une ode mais aussi un « pamphlet ». Entre amertume et espoir, ce qui frappe c’est l’attachement : Tout l’amour qu’exprime l’auteur à son Continent (L’Afrique), toute la douleur qu’il souffre de le voir « capituler ».

Ce recueil est un manifeste, un cri de colère et un appel à la mobilisation. Sur les cendres, l’espoir, exhorte les enfants de l’Afrique à ne pas oublier et à ne surtout pas se résigner.
Daniel NGEA na MOUEN a accepté de se livrer pour Nofi.

Sur les cendres, l’Espoir ; c’est un constat sur l’Afrique actuelle ?
Je dirais plutôt que c’est un bilan. Dans ce bilan, il y’ a une partie constat, une partie remarque et une partie que faire ?

Que pensez-vous de l’engagement des jeunes de la diaspora quant à l’Afrique ?
Concernant l’engagement des jeunes de la diaspora, je vois pas mal de choses bouger, mais est-ce que ces jeunes bougent par rapport à l’Afrique ou par rapport à eux-même en Europe ? Ou par rapport à la connaissance qu’ils ont de leur histoire,celle qui fait d’eux ce qu’ils représentent aujourd’hui dans cette nouvelle terre Européenne ? Tout le débat est là.
J’ai échangé avec beaucoup d’entre eux qui se nomment aujourd’hui des Afro-Européens. Ce qui est bien en termes étymologique mais est-ce qu’ils ont pensé à toutes les insinuations de l’utilisation d’un tel thème ? Culturellement parlant ? économique et socialement ? La question est-ce qu’un européen d’origine africaine a le droit de se présenter en tant qu’Afro-Européen comme le font les Afro-Américains ? Ont-ils la même histoire ? Ont-ils saisi pourquoi les Américains d’Origines Africaines avaient été contraints d’utiliser cette thématique nominale ?Quelles sont les conséquences d’une telle prise de position en Afrique, en Europe ? La seule question que je pose à cette nouvelle vague de pensée est : Est-ce que les Européens Blancs qui se sont installés aux USA se présentent-ils en Euro-Américains et pourquoi ? Certes nous n’avons pas à imiter la manière de penser des autres mais il est important d’aller à la source pour toute fin utile.
De plus, si cela bouge pour cette jeunesse, j’avoue rester sceptique dans de telles présentations du dynamisme de la communauté. Quels sont les terrains de liberté qui ont été laissés pour qu’ils pensent être des Afro-Européens et bougent fondamentalement ?

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Par ailleurs, il y en a quand même qui bougent pour l’Afrique, majoritairement des femmes. Aujourd’hui, les jeunes femmes africaines de la diaspora sont beaucoup plus avancées, beaucoup plus engagées, plus progressistes dans leurs têtes pour essayer d’apporter quelque chose. Il suffit aussi de s’attarder aux différents média de la place Parisienne.
Contrairement aux hommes qui, à mon avis, sont pour la plupart encore dans des enclos.

« Nous n’avons besoin de personne pour développer l’Afrique. C’est juste que les africains se mettent eux-mêmes des barrières. »

Vous êtes depuis longtemps implanté en France, que représente l’Afrique pour vous ?
Je l’ai écrit: « Je n’ai ni foi ni loi, je ne suis ni chrétien ni musulman, ma religion c’est l’Afrique. » ça veut dire que je ne vis que pour cela, que pour essayer d’apporter quelque chose à mon continent.
Je crois que l’Afrique était le début de l’humanité et qu’elle en sera la fin. Pas une fin terminus de l’homo sapiens sapiens mais une fin utile à l’humanité afin qu’elle retrouve d’autres voies de progrès. Sans l’Afrique, l’humanité n’est rien. Nous n’avons qu’à voir ce qui se passe en terme de catastrophe sociale, économique, éthique dans différents endroits du globe aujourd’hui. Les décalages entre les discours politiques, religieux d’antan occidentaux, apôtres de civilisation pointant du doigts les autres peuples jaugés sous-civilisés et aujourd’hui. Qui aurait pensé que : ceux-là même qui ont traité nos ancêtres de peuple primitif autoriseraient certains comportements entre Humains ? Comment éduquer nos enfants dans de telles nuances de contradictions ?
J’essaye donc de faire des choses pour continuer à ré-ouvrir des chemins,que d’autres avaient déjà ouverts, et apporter ma pierre à l’édifice pour fin de « réduire le trou de la jarre » !

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Pourquoi avoir choisit la poésie pour faire passer votre message ?
Je trouve que c’est un style très riche, complexe et qui n’est pas à la portée de tous! J’aurai pu écrire un livre de 250 pages ou de mille pages, mais ça aurait été un bouquin lisible par le commun des mortels. Chacun m’aurait jugé à sa guise et d’entrée de jeu. Au niveau de la poésie, je n’ai pas à me justifier, chacun y comprend ce qu’il veut et je pourrais dire que ce n’est pas ce que j’ai écrit.
C’est une manière de me protéger mais, également de faire passer un message qui ne sera compris que par ceux qui saisiront vraiment le fond du texte et des vers. Ils percevront ainsi qu’ils n’ont pas en face d’eux quelqu’un qui lève le drapeau de la révolution sans fondement.

Justement quel est ce message et à qui s’adresse-t-il ?
Ce message est adressé à l’être Humain.
Pour rappel, j’ai été militant dès ma jeunesse à l’université Paris 7 dans le campus de Jussieu, au sein de l’association l’OSEA (l’Organisation pour la Solidarité des Étudiant d’Origine Africaine). Tous ceux qui se sentaient d’origine africaine, quel que soit leur lieu géographique, avaient droit de cité chez nous. Nous étions également noirs et fiers.
Cette partie de ma vie m’a aidé et a fondé en moi une autre vision de l’autre et de la société dans laquelle je suis venu malgré vivre, malgré moi, par rapport à celle de laquelle je sortai.

« Avez-vous rencontré un autre peuple sur le terre qui ait subi autant d’atrocité, de méchanceté et qui reste aussi droit, digne que le peuple Africain ? « 

Un œil nouveau sur la critique de l’autre s’est mis à percevoir les choses que je ne voyais absolument pas dans mon Afrique natale. C’est de là que vient l’idée de ne pas accepter l’injustice. Ayant constaté aussi que c’est toujours les mêmes qui sont dépourvus de tout. L’idée me vient aussi de me donner corps et âme pour apporter de la vigueur dans la case Africaine en France d’abord. Ainsi, ce livre est aussi destiné à toute personne éprise de justice, qui pense que l’Afrique et les africains sont des humains comme les autres et ont autant de besoins que les autres.
Pour dire que nous sommes capables de faire nous-mêmes des choses, on est capables de créer, de s’organiser et de développer nous-mêmes notre propre pensée. Nous n’avons besoin de personne pour développer l’Afrique. C’est juste que les africains se mettent eux-mêmes des barrières. Parce que pendant très longtemps les gens leurs ont fait comprendre qu’ils n’étaient pas capables de faire quoi que ce soit. Nous drainons et aidons les autres à ne pas nous considérer. Et cela n’est pas normal pour l’être Humain capable qu’est l’Africain. Ce livre permet aussi de puiser de l’énergie pour cette fin.

« Ce livre est destiné à tous ceux qu’il pensent et pansent au fond de leur désespoir qu’il n’y a pas de place pour la résignation. »

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Cheik Amadou Khan dans son livre intitulé « l’aventure ambiguë » avait écrit: « Ceux qu’ils apprendront, atteindront-ils ce qu’ils oublieront ? ». L’un des mes vœux pour la communauté humaine mais particulièrement africaine est qu’elle comprenne le sens de ce message. Si nous voulons rebâtir une Afrique forte et prospère pour Tous, il faut d’abord que nous reprenions nos acquis. Qui ne sont rien d’autres que la profondeur de notre culture Africaine. Avez-vous rencontré un autre peuple sur le terre qui ait subi autant d’atrocité, de méchanceté et qui reste aussi droit, digne que le peuple Africain ? Ce livre est destiné à tous ceux qu’il pensent et pansent au fond de leur désespoir qu’il n’y a pas de place pour la résignation.
En exhortant les miens (tous ceux qui se retrouveront, seront sensibles à cette démarche) à ne pas oublier ce qu’ils sont, je cherche à tracer un nouveau chemin de bonheur, de liberté. Je suis épris de liberté car je pars du principe qu’un esprit libre est un esprit qui crée, c’est celui-là qui est vraiment indépendant.

« Je suis droit dans mes bottes, j’ai une pensée. « 

Peut-on parler de parcours initiatique ?
Le parcours initiatique était plutôt dans la difficulté d’édition. Ce que j’appelle « le petit livre vert », ça fait plus de vingt ans que je cherche à le sortir. Tous les grands libraires africains ont refusé de me publier, depuis 1994. Ils trouvaient cela mal écrit, c’était en tout cas la raison officielle. C’est la maison d’édition Dianoïa, le Professeur MALOLO DISSAKE son Directeur qui a trouvé cela superbe et a accepté de le publier.

Etes-vous politiquement engagé, ici ou au Cameroun ?
J’ai été approché par le Parti Socialiste et le Parti communiste, pendant mes années militantes à Jussieu, ainsi que par une partie de la droite. De façon officielle, je suis un entrepreneur, j’aurai pu pencher vers la droite puisqu’il faut sauvegarder ses intérêts. Mais est-ce que ce sont seulement les intérêts qui devraient forger et fonder notre appartenance aux Humains ? Est-ce cela seulement le fondement d’un continent,et qui fera que demain nos enfants pourront se sentir à l’aise où qu’ils soient ? Je penses que non, donc j’ai refusé.
Au Cameroun, qui est ma région d’Origine en Afrique, nous avons un animal qui la nuit est un oiseau et le jour se présente, se comporte comme n’importe quel autre animal. Moi je ne suis pas cet animal là. Je suis droit dans mes bottes, j’ai une pensée. Donc oui, je suis engagé politiquement mais pas en France. Ici, je n’ai pas de couleur même si je peux soutenir des amis qui sont encartés. Actuellement, je suis en train de créer un parti politique pour le Cameroun afin de préparer la présidentielle de 2018.

                                               « Les peuples africains se sont déjà levés il y a très longtemps, ce n’est pas nouveau. »

 

Ce parti est-il un soutient au pouvoir déjà en place au Cameroun ? Ou est-ce un parti pour le changement ?
Je ne suis pas apôtre du prêt de pensée. En y réfléchissant, je penses qu’il ne serait pas de bon gré de s’allier à des personnes qui sont convaincues qu’il n’y a pas d’autre voie que la leur. Je suis épris de liberté, celui qui est épris de liberté c’est aussi celui qui sait donner la liberté. Ces présidents qui sont certains qu’il n’y a pas mieux qu’eux, est-ce que ces pays existaient avant eux ? La réponse est oui. Donc ils devraient réfléchir un peu.

En dehors de l’écriture, quelles sont vos activités ? Profitent-elles au Continent ? Comment ?
Je suis ingénieur en informatique, spécialiste des bases de données. Ce qui me permet d’aider partout en Afrique, ceux qui ont des projets de développement. Je me suis toujours déplacé, gratuitement, chaque fois que l’on m’a sollicité pour des cours, n’importe où en Afrique. Parce que je souhaite que chacun puisse comprendre l’informatique et accéder à l’autonomie dans ce domaine, même à l’échelle des états africains ; afin qu’il y ait sur le continent des gens capables de développer leurs propres réseaux : que l’Afrique ne rencontre plus de problèmes de connexion téléphonique ou autres. Permettre aux passionnés d’acquérir les connaissances, la pratique et de développer leurs propres applications…

Vos espoirs à vous, quels sont-ils ?
J’ai de l’espoir quand je vois la jeunesse qui s’éveille. Cela veut dire que ça continue, qu’il y a un pont entre ma génération et la leur. J’ai également l’espoir que mon livre soit lu par un grand nombre, que le message se propage au maximum. J’ai un ami congolais qui a crée un mouvement, le DSPA (Diaspora solidaire pour l’Afrique) dont je suis membre actif et initial. Nous sommes un peuple qui a subit plus de 600 ans d’esclavage, un continent désossé de ses forces, et lorsqu’on regarde le bilan, les autres sont économiquement en avance. Toutefois, en ce qui concerne la civilisation, je ne penses pas qu’ils soient plus avancés que nous. Donc j’ai espoir que les choses aillent mieux, j’ai espoir quand je vois le peuple Burkinabé se lever comme un seul Homme contre un homme, contre un système.
Les peuples africains se sont déjà levés il y a très longtemps, ce n’est pas nouveau. J’ai espoir que beaucoup d’entre eux arrivent un jour à reconquérir leur liberté.

« Le fait d’être communautaires nous a créé beaucoup de soucis puisqu’on n’accepte toujours pas que les autres ne sont pas comme nous. »

Avez-vous en tête un épisode de révolte du peuple noir face à l’oppresseur ?
Le 15 décembre 1884, en pleine conférence de Berlin, l’amiral allemand Knorr décide de raser un quartier camerounais de la ville de Douala (Bonabéri), avec des canons et des bombardiers. Parce que ses habitants refusaient de se soumettre à la colonisation, aux diktats allemands. L’Allemagne qui avait alors l’armée la plus puissante, a dégainé toute l’artillerie contre ce seul petit village. Imaginez cette force de frappe employée contre quelques habitants qui ne voulaient pas des allemands chez eux. Ce village existe encore aujourd’hui et les habitants sont toujours aussi fiers, noirs et fiers.

bonaberi

Votre regard sur l’actualité: Quel est votre avis sur la francophonie qui tenait son sommet récemment au Sénégal ?
J’avais écrit un poème intitulé « Francofolie » et pour une fois j’ai suivi le dernier sommet de la francophonie. Cette grande messe de la bêtise. Elle réunit tous les représentants des intérêts historiques sur continent africain. En toute ironie, ça a du sens puisque ça permet au Sénégal, par exemple, de construire le plus gros bâtiment qui n’ait jamais été construit sur sa terre. Il fallait passer par la francophonie pour le faire, la francophonie qui décide qu’il y a de l’argent pour montrer la hauteur du maître, pour valoriser une chose qui n’a rien a voir avec le développement intellectuel ou culturel de l’Afrique; et qu’il n’y en a pas pour améliorer les conditions scolaires des petits sénégalais.
Pensons-nous vraiment qu’un peuple puisse se développer, se libérer en utilisant la langue du Colon ?
Avez-vous d’autres exemples sur la terre, d’un peuple aussi dynamique que le peuple africain, pouvant utiliser une langue d’emprunt ?
Je pense que l’africain a du pain sur la planche et qu’il lui faut l’absolu conviction pour proposer une autre voie de développement de l’Afrique et des africains, et ainsi retrouver sa véritable place dans le concert des Nations unifiées.

« C’est quand même extraordinaire que seule l’histoire africaine colle aux africains (…) »

 

Et sur l’exposition Exhibit B ?
Moi je suis noir, mais de raison hellène, ce n’est donc pas par émotion que je vais expliquer les choses. Je laisse cela à Senghor que les européens ont fait entrer dans leur panthéon et qui n’entrera pas dans le mien.
On met les noirs dans des cages pour montrer leur bêtise. C’est quand même extraordinaire que seule l’histoire africaine colle aux africains, nous devons traîner comme une carapace de tortue cette histoire qui nous pille et nous met dans une position où le reste du monde nous passe dessus. Les autres peuples n’ont pas cette charge par rapport à leur passé colonial, c’est le colon qui refait encore une fois l’histoire et dit comment il décide de s’exempter de tous les maux qu’il a infligé aux Africains. On peut utiliser l’histoire coloniale sans jamais remettre les Africains dans des conditions d’inhumanité. Donc pour moi ça manque un peu de fond, de créativité lorsqu’on prend cette histoire de façon brutale et qu’on la représente ainsi. Cela n’a rien de réfléchit, je ne prendrai même pas cinq minutes pour aller voir une chose pareille parce que cet artiste ne veut qu’exploiter l’histoire pour gagner de l’argent. C’est sauvage et primitif, les gens qui sont morts, ce que j’appelle la mémoire disparue, ne peut pas respecter ça. Il faut aller au-delà de la pensée primitive de l’autre, celle qui nie l’humanité des autres. Il n’y a aucune valeur artistique là-dedans.

colonisation

On reproche souvent à Nofi d’être « communautariste ». Que pensez-vous d’une initiative comme la notre ?
Je suis fier, je suis noir et fier. Un rappel historique: l’être Africain n’a jamais été communautariste, mais communautaire par rapport à sa culture. Notre culture n’est pas comme celle des autres, tout ce que les gens ont inventé à l’extérieur a échoué en Afrique. Ils sont venus décimer un continent, déporter ses habitants, les premiers êtres de la terre, et la nature a refusé. Pourtant, les africains ont reçus tous les autres peuples mais comme je l’écris:  » Vous, à qui nous avons ouverts les bras, vous êtes devenus nos premiers ennemis ». On n’a jamais rien demandé à personne, les gens sont venus, on les a accueillis et ils ont trouvé que nous étions bêtes. On a même cherché à nous exterminer à plusieurs reprises, mais cela n’a pas fonctionné, la preuve en est que nous sommes toujours plus. L’être noir n’est pas communautariste de nature, s’il l’avait été, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Donc le fait d’être communautaires nous a créé beaucoup de soucis puisqu’on n’accepte toujours pas que les autres ne sont pas comme nous.
Nous ne sommes pas communautaristes mais communautaire et cela est une force puisse que les autres essayent de nous défaire même de notre état communautaire naturel qui est notre essence.
Merci NOFI.

SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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