L’oeuvre du sud africain Brett Bailey fait couler beaucoup d’encre. Toutefois, en dépit de sa performance très contestable et dépourvue de créativité; le spectacle soulève une problématique plus importante.
En Effet, la France peine encore à assumer sa responsabilité dans la douloureuse histoire de l’Afrique. Feignant de ne pas prendre position, elle encourage la frustration, par le prétendu Art, d’une partie de ses citoyens. Et réprime le désir d’émancipation et de revendication de cette partie de la population; ladite « minorité noire » en l’occurrence.
Pourquoi les noirs tiennent à crier leur colère et pourquoi cela a-t-il du sens ? Bams, du Collectif Contre Exhibit B s’explique:
L’entêtement a prévalu sur l’apaisement et le débat a été rejeté. Si Brett Bailey peut décemment mettre les noirs en cage, il refuse d’échanger avec ces mêmes noirs, dont il prétend pourtant raconter l’histoire. La réponse des autorités françaises abonde dans le sens de l’artiste et des responsables des lieux d’exposition (Théâtre Cent Quatre; Théâtre Gérard Phillipe). Il n’y a pas de discussion, le spectacle se tiendra, quoiqu’il en coûte et la répression frappera ceux qui ne rentrent pas dans le rang.
La gendarmerie, les CRS, les agents de la Bac…autant de soldats d’état face à une foule désarmée et ne représentant aucune menace.
Que révèle cette réaction disproportionnée des autorités françaises ? Avec cette mobilisation, met-on le doigt sur un malaise profond de la société face à ses fantômes et à ses craintes ? Un soir de manif, Franco, de la brigade Anti-Négrophobie nous a livré son regard sur la situation:
Dans ce climat tendu, chacun doit se faire son propre avis. Cependant, chacun doit aussi comprendre l’histoire noire à travers le temps, sa valeur, son poids dans l’histoire de l’humanité. Chacun doit se souvenir que les zoos humains ont déjà existé, et il n’y a pas si longtemps. Recréer cette état de bestialité et d’avilissement des noirs, sous prétexte de s’excuser pour l’avoir déjà fait, est-il un moyen crédible de se racheter ?