Le CurlShop, une boutique féminine, créée à l’initiative de Maïka Labinsky. Le magasin propose des cosmétiques naturels, bio et équitables pour le soin de nos cheveux crépus, bouclés, frisés et ceux de nos petits bambins. Nos tignasses ont la réputation d’être indomptables, difficiles à coiffer et à entretenir. C’est FAUX ! Nous avons voulu en savoir plus…
Cette mauvaise réputation est liée à une pénurie de sites et de sources fiables capables de donner des informations pertinentes et de qualité au sujet de ce type de cheveux. Sans les bonnes informations, la seule solution qui paraît réalisable est, malheureusement, de défriser… Snif pauvres jolis frisettes et boucles naturelles, reflet de notre héritage culturel…
Maïka Labinsky l’a compris ! Avec son CurlShop, elle vous propose d’inverser cette tendance à la course aux cheveux lisses façon princesse Raiponce. La boutique spécialiste des boucles vous prodigue tous les renseignements nécessaires pour optimiser votre nature capillaire. Vous saurez tout sur l’hydratation, le soin, l’entretien, les produits adaptés à votre type de cheveux et ceux qui vous donneront les meilleurs résultats. Restez naturelles !
Maïka Labinsky, en quelques mots qui es-tu ?
Martiniquaise, maman, chef d’entreprise, passionnée de la beauté et du cheveux.
Depuis combien de temps œuvres-tu pour le bien être de nos chers cheveux ?
La boutique est en ligne existe depuis quatre ans, la boutique physique a ouvert il y a maintenant six mois, mais cela fait des années que je cherche des produits adaptés aux cheveux bouclés, frisés et crépus.
Pourquoi cet intérêt, on peut même parler de passion en quelque sorte, pour les cheveux ?
Cet intérêt est né des difficultés à maintenir mes cheveux en bon état et celle que l’on rencontre en France pour trouver des produits naturels et sains pour entretenir et révéler la beauté des cheveux que les magasines traitent de « difficiles », « d’indomptables » ou encore de « sauvage ».
Comment se sont passés tes débuts d’entrepreneuse ? As-tu rencontré des difficultés financières ou autres ?
Mes débuts en tant qu’entrepreneur ont été difficiles. J’ai déposé des dossiers auprès de banques, j’ai demandé à bénéficier du dispositif NACCRE, sans succès. Toutes mes demandes ont été rejetées. Les banques ne m’ont pas prêté d’argent, bien que mon projet ait été jugé « viable ». J’ai eu la chance de pouvoir compter sur l’aide de ma famille.
Que pense ton entourage de ta démarche « capillaire » ?
Mon entourage m’a beaucoup soutenu dans cette démarche du « retour au naturel dans mes cheveux ». J’ai même convertit les membres de ma famille et mes amis à des produits plus sains. Ils sont tous heureux que je vive – enfin – « bien » mes cheveux (rires).
Décris-nous une journée type chez Le CurlShop ? Une journée type dans la peau de la chef d’entreprise que tu es ?
La journée de travail débute après avoir déposé mon plus jeune fils a l ‘école. Le matin je gère les réclamations, les commandes fournisseurs, avec un surf sur les blogs américains, brésilien et anglais pour avoir des infos sur les produits qui cartonnent et ceux qui vont cartonner. Ensuite ouverture de la boutique a 11h, préparation des commandes de la boutique en ligne, énormément de conseil clientèle, gestion du site, création des fiches produits… Ça jusqu’à la fermeture de la boutique. Ensuite le soir, après avoir couché les enfants, je réponds aux mails de clientèles (conseils pour la routine capillaire, produits, etc) ou aux interviews comme celle de NOFI (rires).
Il y a cet éternel débat de la beauté africaine entre nappy et adeptes des tissages et autres extensions. Toi, qu’en penses-tu ? La beauté africaine devrait-elle être forcément « naturelle » (afro) ?
NOFI j’espère que tu as de la place pour un début de réponse à cette épineuse question (rires) !
Mon avis personnel est qu’il n’y a rien de plus beau que d’embrasser pleinement sa véritable nature capillaire. Je ne suis pas contre une fille aux cheveux naturels qui fait un crochet braid (utilisation de mèches), technique qui protège les cheveux pendant quelques semaines pour lutter contre un climat frisquet. Je n’ai rien non plus contre les tresses, à partir du moment où elles sont nattées très souples de manière à ne pas abimer la racine du cheveux. Le mot « naturel » englobe tellement de chose. Si un cheveu est coloré il n’est plus naturel, mais si une fille porte une magnifique afro blonde est-ce qu’elle ne représente pas quand même la beauté africaine ? Il est difficile en tant qu’afropèens de se définir une image autre que celle que nous renvoie la société. Cette image est en train de changer de plus en plus grâce à des stars comme Lupita Nyong’o. Du temps de Naomi Campbell, les tissages longs et bien lisses étaient très « à la mode », ils étaient la seule référence beauté acceptée par dans le monde « blanc ». Je pense que nous sommes en train d’arriver enfin à une véritable acceptation de notre beauté telle qu’elle est, au cœur de notre communauté. À nous de l’imposer au reste de la planète ! Les standards de Miss Univers vont peut-être finir par changer (rires). Quand j’ai lu les commentaires acides suite aux photos de l’afro de Solange Knowles le jour de son mariage. Je suis restée bouche bée devant tant d’ignorance.
Ce qui m’importe le plus c’est de bien préparer la nouvelle génération. Nous ne devrions jamais défriser un enfant. Nous ne devons plus employer de mots négatifs et durs face aux chevelures crépues de nos tous petits. Le mot des parents fait loi durant l’enfance et si on n’arrête pas de répéter à sa fille que ses cheveux sont incoiffables et compliqués – j’entends souvent des mamans s’en plaindre – nos enfants vivrons avec cette vision négative de leur cheveux. Il faut leurs répéter que leurs cheveux sont magnifiques, qu’ils en soient fiers. C’est bête, mais il est important qu’ils puissent jouer avec des poupées noires qui leurs ressemblent et auxquelles ils puissent s’identifier. Ils y puiserons la force nécessaire pour s’accepter tels qu’ils sont. Je ne vends pas de défrisages, de produits lissant ou autres substances chimiques, uniquement des soins naturels. Je ne pense pas que le défrisage soit la meilleure alternative. D’ailleurs je ne vends ni tissages ni extensions. Pour moi, il y a une différence entre la jeune femme qui ne peux pas vivre sans « les cheveux d’une autre sur la tête » – c’est a dire qu’elle n’accepte pas du tout sa nature de cheveux et préfère la cacher 365 jours par an sous divers types d’extensions – et la jeune femme animée d’une envie soudaine de changer un peu qui en porte une fois de temps en temps ou de manière exceptionnelle pour changer de tête, mais qui le reste de l’année peut tout à fait laisser (et assumer) son afro. Les hommes aussi y sont pour quelque chose ! Du temps de ma jeunesse, ils allaient toujours draguer la fille au tissage plutôt que la fille à l’afro. Cela aussi est en train de changer.
Quel(s) est/sont ton/tes rituel(s) capillaire(s) secret(s) ?
Je t’avoue NOFI que le temps me manque pour effectuer les soins profonds que je devrais faire ! Pour gagner du temps je privilégie les produits deux en un type Cowash – à la fois shampoing et après-shampoing – pour avoir de cheveux fort en hiver je teste aussi en ce moment l’Inversion Method (méthode qui vise a stimuler le cuir chevelu). Je dors avec un bonnet en soie pour protéger les longueurs – autant te dire que j’attends que la lumière soit ÉTEINTE ! Sinon c’est un coup a te ruiner ta vie de couple (rires). Je bois beaucoup d’eau, essentiel pour l’hydratation de la peau des cheveux et du corps tout entier.
Une jeune fille souhaiterait toujours avoir une afro flamboyante, quels soins/crèmes/pommades tu lui conseillerais ?
Je lui conseillerai un bain d’huile/shampoing doux /leave-in quotidien – si elle a des cheveux secs – et de rajouter des protéines par le biais d’un masque – si ses cheveux sont cassants. Il est également important d’hydrater tous les jours avec un vaporisateur rempli au tiers d’une eau faiblement minéralisée (type Cristalline ou Mont Roucous) auquel on ajoute avec une cuillère à soupe d’un leave-in type Knot Today. Pour sceller l’hydratation utilisez une huile très fluide et légère type huile de coco ou huile de macadamia. Effet garanti !
Aujourd’hui tu as un magasin qui tourne bien, un e-shop qui en plus d’être une boutique en ligne est un vrai pied-à-terre pour les femmes de tous âges désireuses de prendre soin de leurs cheveux, que peut-on encore te souhaiter ? Quels Projets pour Le CurlShop ?
Je souhaite développer plus d’échanges avec ma clientèle par le biais de réunions et ateliers de coiffure – d’ailleurs prochain atelier coiffure protectrice et coiffure de fêtes sur cheveux naturels le 28 décembre (rires). Nous ouvrirons le Curlshop les dimanches de manière ponctuelle pour permettre à ceux qui travaillent en semaine de venir échanger et puiser des conseils en live. Je souhaite promouvoir de plus en plus de marques équitables comme Shea Butter Cottage, des marques conscientes qui développent un commerce RÉELLEMENT équitable avec plusieurs pays d’Afrique et Haïti. Par exemple leur Haitian Black Castor Oil demande le travail assidu de soixante-dix fermiers en Haïti. Nous organiserons autour du 8 ou 9 décembre, à préciser, un évènement avec la marque américaine Uncle Funky Daughter, toujours autour du cheveu naturel.
Si on devait se recroiser dans quelques années où en serais-tu ?
J’ai des idées plein la tête et des projets – encore top secrets – en perspective. NOFI fera parti des premiers informés (rires) !