L’arrivée du Christianisme dans le monde noir est tellement associée à l’esclavage et à la colonisation qu’on en oublierait presque qu’il existe depuis plus de 1700 ans en Ethiopie. Dans ce pays alors existant sous la forme de l’empire d’Axoum, le Christianisme devient la religion d’Etat vers 340 de notre ère sous le règne de l’Empereur Ezanas.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
La christianisation officielle de l’Etat éthiopien à cette période en fait la deuxième nation la plus anciennement chrétienne de l’histoire après l’Arménie qui le serait devenue en 301 après de notre ère. Cette christianisation, qui fera de l’Ethiopie la seule nation chrétienne à survivre en Afrique lors de l’avènement de l’Islam au 7ème siècle verra l’élaboration d’une chrétienté typiquement éthiopienne avec notamment la représentation de Jésus, Marie et des saints comme des Noirs ressemblant aux actuels Ethiopiens du Nord.
Sa représentation artistique n’est pas le seul aspect de la naissance du Christ qui soit si particulier à l’Ethiopie; c’est aussi le cas de Noël (si on se souvient que Noël célèbre bien la naissance du Christ et non la parade d’un bibendum à barbe blanche et aux joues rouges).
Car en Ethiopie, Noël est traditionnellement complètement différent du Noël occidental. Appelé Genna ou Lidet chez les Habeshas et Kollé chez les Oromo), Noël n’y est pas centré sur le Père Noël, le sapin de Noël ou sur le don de cadeaux, même si ce dernier peut se pratiquer.
Les Ethiopiens ayant conservé le vieux calendrier Julien et n’ayant pas adoptés la reconnaissance du 25 décembre comme date de naissance du Christ, ils célèbrent Noël le 7 janvier de notre calendrier. Les 40 jours qui précèdent la fête, les croyants ne mangent qu’un repas par jour, en excluant aussi poisson, viande et oeufs, puis rompent le jeune la veille de Noël et se rendent à l’église. Le jour de la fête, ils célèbrent la fête avec un repas où les enfants apportent du pain à leurs parents, lesquels leur rendent une bénédiction ou un cadeau simple. Pendant les festivités de Noël a aussi lieu la pratique d’un jeu, semblable à du hockey sur gazon, que l’on appelle Genna d’après le nom de la fête.Selon la légende, c’est à ce jeu que jouaient les bergers de Nazareth lors de l’annonce de la naissance du Christ.
La tradition éthiopienne de Noël perd toutefois beaucoup de terrain ces dernières années face au Noël occidental, qui gagne peu à peu les faveurs des Ethiopiens à la culture de plus en plus mondialisée.
Espérons que ce pays qui a illuminé le monde noir en sauvegardant son indépendance pendant près de 2000 ans trouvera les ressources nécessaires pour conserver cette partie de son héritage qui fait la fierté des Afro-descendants.