La Norvégienne Cecilia Braekhus est la première boxeuse de l’histoire à détenir toutes les ceintures de championne du monde de boxe dans la même catégorie. Considérée comme la meilleure championne du monde toutes catégories confondues, cette femme qui est une star dans son pays cumule les paradoxes. Portrait d’une athlète extraordinaire au parcours qui l’est tout autant.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Cecilia Braekhus est norvégienne, mais est née en Colombie. Après la mort de ses parents biologiques, elle rejoint la Norvège à l’âge de deux ans où elle est adoptée. On peut supposer que dans un pays où l’immigration noire n’était pas très courante à l’époque, ses premières années ne durent pas être de tout repos pour son adaptation dans la société. C’est en tous cas bien un combat que Cecilia décide de mener à l’âge de 14 ans: contre l’avis de ses parents qui veulent lui imposer une éducation exclusivement académique, elle s’inscrit à un sport pas très associé à la féminité dans l’imaginaire collectif: le Kick-Boxing. Ce combat elle le gagne en tous cas 9 ans plus tard en devenant championne d’Europe et du monde amateur de la discipline.
L’année suivante, elle se tourne vers la boxe anglaise, où son palmarès presque parfait de 75 victoires en 80 combats et fort d’une médaille d’argent aux championnats du monde et d’une médaille d’or au championnat d’Europe amateur la convainc de passer professionnelle dans la discipline. Mais un autre obstacle se dresse devant elle. La boxe anglaise, jugée trop dangereuse car trop violente, est interdite en Norvège. Qu’à cela ne tienne, Cecilia effectue ses débuts professionnels victorieux à l’étranger.
Son palmarès et ses performances lui permettent de se constituer une importante base de supporters en Norvège, malgré l’interdiction du sport sur ce territoire. Après quatre combats, ces atouts lui permettent de rejoindre l’Allemagne et d’intégrer en 2008 l’écurie de Wilfried Sauerland, l’un des plus célèbres promoteurs de boxe du monde et connu pour régulièrement organiser des combats de boxe féminine.Les débuts de Cecilia chez Sauerland sont fracassants. Lors de son onzième combat, elle devient championne du monde des moins de 67 kgs en battant une ancienne rivale qui l’avait privée d’un titre de championne d’Europe amateur. Celle qui est désormais surnommée la ‘First Lady'(Première Dame) fait sensation dans les médias par ses victoires, sa politesse, son aisance et sa beauté. Elle devient rapidement une véritable star dans son pays.
Bientôt, des offres de magazines allemands et norvégiens lui proposent de poser nue. Mais Cecilia refuse. Car si elle a peut-être conscience d’être belle, elle n’a pas oublié qu’elle entre sur le ring pour combattre. Là où certaines femmes décident de porter des maillots de bain lors de la pesée et des tenues sexy lors des combats, Cecilia choisit le pantalon cycliste et le short traditionnel.
En 2013, juste après avoir battu la redoutable française Mathis, elle affronte l’Américaine Mia St-John, à la vision de la boxe féminine à l’opposé de celle de Braekhus : elle a posé pour Playboy, porte des tenues courtes et moulantes lors des combats. Ce choc des visions verra la victoire facile de Braekhus.
En 2014, après avoir battu la Croate Habazin, elle devient la première femme de l’histoire à détenir les quatre ceintures majeures de championne du monde dans la même catégorie.
Entre temps, le succès et la popularité de Braekhus dans son pays a déplacé des montagnes. Grâce à Cecilia, le gouvernement norvégien a annoncé son souhait de lever l’interdiction de la pratique de la boxe anglaise professionnelle en vigueur depuis 1981. Coïncidence ou pas, 1981 est aussi la date de naissance de l’élégante et talentueuse boxeuse, qui non contente d’avoir fait bouger les choses en Norvège voudrait en faire autant en Afrique. Elle est en effet l’ambassadrice de l’association « Bring Children From Street » qui aide en Ouganda des enfants à quitter le vagabondage et la vie dans la rue pour s’insérer dans la société en pratiquant la boxe dans un club qu’elle finance et où elle se rend une fois par an. L’athlète colombienne, qui n’oublie pas d’où elle vient et la chance qui lui a permis d’arriver là où elle est, déclare:
« Je veux juste rendre quelque chose. J’ai eu beaucoup de chance dans la vie mais on ne doit jamais oublier les moins chanceux. Voir la joie dans les yeux des enfants quand nous venons et nous entraînons avec eux me rappelle toujours qu’il y a bien plus dans la vie que de gagner sur le ring »