Mais pourquoi Diable remuer le couteau dans la plaie ! L’exposition du sud-africain blanc Brett Bailey ne cesse de créer la polémique depuis plusieurs mois. Mettre en cage des noirs pour faire revivre l’esclavage est selon lui de l’art. C’est une exposition à destination des blancs, mettant en scène des noirs, afin que les premiers puissent réfléchir à leur passé colonial
Des zoos humains comme on pouvait en voir au temps du fouet, c’est ce que propose « Exhibit B ».En France, du 7 au 14 novembre, au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, les amateurs « d’art » sont conviés à un spectacle dégradant : Des corps noirs dénudés, en cages ou enchaînés, éclairés par des lumières ternes.
Pour cet artiste, c’est l’occasion de faire revivre l’histoire la plus douloureuse du peuple noir. L’esclavage, car c’est de cela qu’il est question, n’a pas finit d’être un business fructueux. Mais pas pour ses victimes. Instrumentalisé, il permet encore d’organiser, en 2014, un spectacle horrible et inacceptable. L’occasion, comme il l’a lui-même expliqué, de confronter les blancs à leur passé. Cet acte est lourd de sens, d’autant plus lourd qu’il est l’œuvre d’un sud africain blanc. On se souvient de l’apartheid, officiellement abolie en 1994, mais qui dans les faits se persévère. Malgré cela, les noirs retourneront pendant une semaine, à leur minable condition d’esclaves.
Insultante et profondément raciste, l’œuvre de Brett Bailey a été interdite à Londres. En septembre dernier, les deux plus grands syndicats du Royaume-Uni avaient apporté leur soutient au Musée Barbican. 23.000 signatures avaient été récoltées pour annuler ce doigt d’honneur à la souffrance de la communauté noire. Car il s’agit bien d’un blanc qui exhibe des noirs pour des blancs.
Aucune mobilisation effective n’a été mise en place en France pour l’instant. Quelle est la responsabilité de la communauté noire dans cette affaire ?
Il est révoltant de voir que des noirs acceptent de participer à cette pitoyable mascarade. Brett Bailey veut les mettre en scène, et eux l’acceptent, pour quelques sous. Notre dignité est donc définitivement monnayable au plus offrant.
Il est du devoir des noirs de faire respecter le devoir de mémoire. Il faut parler de l’esclavage, examiner cette période, officiellement révolue, mais ancrée en chacun de ses descendants. Il faut continuer de s’inspirer de ces erreurs, de se révolter contre, mais aussi d’assumer. Néanmoins, l’exposition Exhibit B n’est pas un moyen juste pour appréhender cet épisode. Toutefois, c’est mettre en lumière la faiblesse de la communauté noire que de voir que n’importe qui peut oser n’importe quoi contre elle.
Brett Bailey est bien à l’initiative de cette foire raciste. Mais que font les noirs pour empêcher que leur histoire soit récupérée, captive et tournée en ridicule ?