Entre 1650 et 1900, près de 40% des esclaves déportés aux Amériques (et près d’un tiers aux Etats-Unis) le furent à partir de la région de l’Angola et des deux Congos. L’influence des peuples de cette région-notamment les Kongos- aux Amériques fut considérable, à la fois dans la sphère religieuse et linguistique, mais aussi gestuelle. C’est ainsi que trois gestes connus du grand public, la pose de défi avec les deux mains sur les hanches, la pose des majorettes et le high five auraient pénétré la culture américaine via les esclaves d’Afrique centrale.
Par Sandro Capo Chichi / nofi.fr
C’est en tous cas l’opinion de chercheurs américains, qui ont étudié les cultures d’Afrique centrale, qui s’étaient basés sur leur présence particulière dans des régions des Etats-Unis comme la Louisiane ou le Mississipi où les esclaves kongo et d’ethnies voisines étaient présents en nombre, et leur absence dans d’autres états américains où l’influence d’esclaves de ces ethnies était moins présente. Il n’est évidemment pas du tout exclu que ces gestes soient présents indépendamment dans d’autres cultures avec la même signification. Mais le cheminement qui les aurait poussés à la célébrité contemporaine les ferait venir d’Africains du centre du continent.
- Pakalala, les deux mains sur les hanches ou la pose de défi
Dans les communautés noires des Amériques, notamment, une pose interdite aux enfants et réservée aux femmes qui exprime le défi et la capacité à faire obstacle aux divers obstacles de la vie consiste à mettre les mains sur les hanches et à faire face à son opposant.
- Telama Lwimbanganga ou la pose de soutien : des guerriers kongos aux majorettes américaines
La pose de Telama Lwimbanganga consiste à mettre la main gauche sur la hanche (originellement pour enfoncer le mal dans la terre) et à tendre la main droite (originellement pour faire vibrer le monde sous nos yeux) pour ainsi contrecarrer certains événements et lire dans l’avenir. On retrouve cette pratique dans des vieux rites militaires kongos d’Afrique centrale, où des femmes importantes neutralisaient le pouvoir de l’ennemi en faisant ce geste avant chaque campagne militaire. Cette pose aurait donné naissance à celle des majorettes américaines qui après avoir servi à encourager les guerriers du royaume de Kongo, aurait servi à donner de la force aux sportifs américains.
Le Yangalala ou l’expression de la joie, devenu high five
Le Yangalala consiste à écarter les doigts de la main et à la lever pour exprimer sa joie et son bonheur.
Et non, ce n’est pas une blague, voici une référence parmi beaucoup d’autres:
Le geste kongô: exposition, Paris, Musée Dapper, 18 septembre 2002 – 19 janvier 2003] / [textes par Robert Farris Thompson, Jean Nsondé, Erwan Dianteill] ; [sous la dir. de Christiane Falgayrettes-Leveau]