L’organisation internationale de la francophonie (OIF) vient d’éditer un dictionnaire trilingue comprenant le sango, langue la plus répandue en Centrafrique, le lingala, parlée dans les deux Congo, et le français
Quelque 15 000 mots sont ainsi répertoriés pour permettre l’expansion, la connaissance et l’apprentissage de ces langues africaines.
Ce dictionnaire, conçu par des experts de chacune de ces langues, est une première et permet également la transmission d’un héritage s’inscrivant traditionnellement dans l’oralité. Beaucoup des enfants de la diaspora ignorant leur langue ou n’en connaissant que des rudiments, ce dictionnaire permettra au moins de résorber cette anomalie.
Selon les coordinateurs du projet, les langues nationales, à l’instar du français, doivent être parlées, mais sans que le dernière n’ait prétention à les remplacer.
Toutefois, force est de constater que c’est une organisation française qui en est à l’origine. Le langage structure la pensée et donc notre rapport au monde, aussi, instrumentalisé il permet d’occulter, de dissimuler, de falsifier les esprits. Certes, c’est un pont pour la communication entre plusieurs cultures, mais c’est aussi une intrusion.
Longtemps, les colons ont refusé que les « indigènes » puissent se réunir autour d’une langue commune, les contraignant à parler le français, les empêchant ainsi de transmettre leur histoire aux leurs, sinon dans le secret.
Par conséquent, il convient de s’interroger sur cette initiative assez étonnante : la naissance de ce dictionnaire trilingue contenant deux langues africaines est-il un pas vers la réconciliation ou une énième tentative d’infiltration ?
L’Occident doit-il toujours être maître de notre histoire, décidant de nous l’enlever puis de nous la restituer comme bon lui semble ?