Paneb, le plus grand gangster de l’Antiquité?

Véritable gangster , Paneb est connu dans les textes égyptiens anciens pour ses violences, viols, adultères, pillage de tombes, menaces de mort, abus de fonction et corruption.

Par Sandro CAPO CHICHI

Cadre temporel et contexte

Au 16ème siècle avant notre ère les pharaons égyptiens choisissent de construire l’ensemble de leurs tombes et de celles de leurs épouses dans une vallée près de l’ancienne capitale de Thèbes. Ces sites sont aujourd’hui connus sous les noms de ‘Vallée des Rois’ et de ‘Vallée des Reines’. A cet effet, les rois égyptiens doivent mobiliser des artisans qualifiés auxquels un village entier allait être consacré à proximité de la nécropole. C’est trois siècles plus tard , qu’apparaît dans les documents égyptiens le personnage de Paneb, l’un de ces artisans, dont le nom signifie ‘le seigneur ‘en égyptien. Il naît au 13ème avant notre ère et est mentionné sous les règnes de Ramsès II, et au 12ème siècle sous les règnes de Séthy II et Siptah . Peut-être très tôt orphelin, il est élevé par le chef artisan Neferhotep qui le fera devenir membre de son équipe.

Paneb, son ambition et la famille de son père adoptif

Paneb ne manifestera apparemment que peu de gratitude à l’endroit de son père adoptif, allant jusqu’à essayer de le tuer. C’est ce que mentionne une note de travail du frère de Neferhotep :
« Note de travail à propos du fait qu’il a poursuivi le chef-artisan Neferhotep, mon frère, malgré le fait qu’il l’ait élevé, qu’il ait fermé la porte de son domicile avant qu’il n’entre et qu’il ait jeté une pierre qui brisa cette porte et que des personnes furent charger de surveiller Neferhotep car il avait dit : « Je le tuerai pendant la nuit ».

Il allait ensuite menacer similairement un autre chef artisan, Hay, comme l’atteste une autre note de travail : Memorandum à propos du fait qu’il ait dit au chef artisan Hay : « Je t’attaquerai sur la montagne et je te tuerai ». Ces attaques contre les deux chefs artisans montrent que Paneb semble avoir convoité cette position. Il y parviendra, comme on pouvait s’y attendre, par des voies illégales. Le fils de Nebnefer, prédécesseur et frère de Neferhotep, Amennakht se plaint ainsi dans une note, qu’à la mort (suspecte?) de son père et de son oncle, le titre de chef artisan aurait du lui revenir de droit. Toutefois, Paneb serait arrivé à ses fins en corrompant le Premier Ministre , lui offrant comme pot-de-vin cinq servants qui ne lui appartenaient même pas, puisqu’ils appartenaient à Néferhotep… Avant sa mort, Neferhotep s’était plaint auprèsdu Premier ministre Amenmès du comportement de son fils adoptif qui avait agressé neuf (!) hommes en une seule nuit. Paneb parvint à s’en tirer en obtenant la démission du Premier Ministre , l’accusant de l’avoir frappé. Cette accusation peut paraître surrenante tant Paneb semble avoir eu un physique imposant lui permettant d’agresser neuf ouvriers en une nuit et à une autre occasion d’attaquer des ouvriers à plusieurs reprises pendant la nuit, puis en leur jetant des pierres debout sur un mur. Il est aussi décrit comme ayant empêché formellement des membres de la famille de Neferhotep de prier dans leur chapelle, et quand ils arrivèrent, d’avoir jeté des pierres aux passants.

Moeurs sexuelles 

Selon une note qui mentionne le témoignage du propre fils de Paneb, Aapehty et où celui-ci déclare ne plus vouloir avoir à faire avec son père, Paneb aurait eût des relations adultères avec quatre femmes dont la femme de son frère adoptif et la fille d’une de ces femmes elles que fréquentait pourtant son propre fils. On ne sait pas si ces relations étaient consenties, mais la nature violente de Paneb semble nous faire penser le contraire. Une autre note ne laisse toutefois aucun équivoque sur la naturelle criminelle de l’une de ses relations sexuelles : « Il enleva la robe d’Iyemwau, la bouscula contre un mur et la força ».

 Pillage et vol de tombes royales

Après avoir atteint le rang de chef artisan, Paneb utilise à son propre bénéfice les artisans mis à sa disposition par l’état pharaonique. Il ira jusqu’à cambrioler à plusieurs reprises des tombes, à utiliser pour la construction de la sienne des pierres issues issues de celles de Pharaons. En volant le trésor funéraire du roi Séthy II, Il poussera le vice à boire une jarre de vin volée en s’asseyant sur le sarcophage fraîchement inhumé du roi.

Le plus impressionnant est que malgré le nombre ahurissant de forfaits accordés à Paneb un grand nombre d’entre eux est corroboré par d’autres sources et n’est pas le fruit de la calomnie. Malgré que des documents mentionnent des plaintes et des tentatives de forcer Paneb à arrêter ses exactions, son sort n’est pas explicitement connu. Il est toutefois remplacé par un autre chef artisan et n’apparaît plus que dix ans après dans les textes égyptiens pour un cas de jurisprudence d’un vol de pierre. Ce document suggère que Paneb aurait été puni par le vizir de l’époque, Hori.

L’histoire de cet homme génialement diabolique montre toutefois que les sociétés, même les plus vertueuses comme l’Egypte ancienne accouchent de personnes à la moralité la plus abjecte, dont elles ont besoin pour mieux évaluer leurs idéaux moraux.

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