Le 10 juin est l’anniversaire de la mort de Marcus Garvey, surnommé « Black Moses » « le Moïse noir ». Né en 1887 à Saint Ann’s Bay, Jamaïque, peu de temps après l’abolition de l’esclavage, ce descendant direct des marrons, est considéré comme le père du panafricanisme et du rastafarisme, également connu comme celui qui prônait le retour des afro-descendants en Afrique, bien qu’il n’eut jamais l’occasion de se rendre sur le continent.
Au départ organiste d’église et passionné de lecture, il est embauché comme imprimeur et devient rapidement, par le biais de son syndicat un orateur inspiré, un journaliste et un activiste politique.
Préoccupé par la condition de ses frères noirs à travers le monde, il voyage entre 1910 et 1914 à travers l’Amérique Latine et l’Europe afin de se rendre compte par lui-même de l’Etat d’oppression et d’aliénation perpétuelle dans lesquelles ses frères souffrent.
Arrivé aux Etats-Unis en 1916, il va à la rencontre des mouvements pro-africains et crée l’année suivante l’UNIA (United Negro Improvement Association). Par cette association, il tente de rendre effectif le rapatriement des afro-américains sur la terre mère, notamment à la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque se pose la question du partage des anciennes colonies par les puissances Européennes.
Marcus Gravey, dans son idéal de justice, ne voit sa lutte qu’à travers la race noire, et donc le sort de ses semblables. Il est le père d’une doctrine radicale et nationaliste autour du noir, dans son projet d’unifier ses frères en dehors de l’Occident, en Afrique, qui est pour lui le seul endroit où ils pourront être respectés. Cette doctrine l’isole nécessairement des autres dissidents tels que Lénine ou Trotsky. Il croit fermement en son projet et met en place la Black Star Line, en 1919 dont il fait de ses partisans des actionnaires : la BSL est une flotte qui permet le rapatriement des afro-américains par voie maritime, un lien entre l’Afrique et l’Amérique, desservant les Antilles. Au-delà de cela, Marcus Garvey a le projet de créer une véritable économie autonome par et pour les afro-descendants ; ainsi, il part en tournée dans le pays afin de sensibiliser les concernés à sa cause et sonder les volontaires. Plus de 300 000 noirs américains se revendiquent partisans de ses idées à cette époque là, et c’est donc automatiquement que les services fédéraux commencent à s’intéresser à son cas…
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Déterminé, il crée plusieurs entreprises et canaux de distribution et met en circulation deux journaux : Garvey’s watchman, et le plus emblématique, The Negro World. Ce dernier est le témoin direct des rencontres et déplacements de Garvey et publie les comptes-rendus des activités de l’UNIA. Jugé trop subversif et dangereux pour l’ordre établit, il sera interdit dans de nombreux pays africains et caribéens. Par ailleurs, il provoque à maintes reprises le Klu Klux Klan, l’invitant à des meetings. Il finira par rencontrer le numéro deux de l’organisation, Edward Clarke, le 25 juin 1922.
Progressivement, le vent tourne et certains de ses partisans commencent à se retourner contre lui. En 1922, des actionnaires de la Black Star Line l’accusent de fraude postale et d’escroquerie. Il restera en liberté surveillée durant trois ans, avant d’être reconnu coupable et emprisonné en 1925 à Atlanta. En 1927, l’ex-président américain, Calvin Coolidge, le libère et le fait rapatrier en Jamaïque, où il est exilé et désormais interdit de séjours aux Etats-Unis. Au départ hostiles, ses compatriotes finissent peu à peu par adhérer à son idéologie et ses meetings, de plus en plus populaires, le propulsent au rang de héros national. En 1935 il quitte l’île pour l’Angleterre et observe l’engouement des afro-descendants s’évanouir progressivement. Le 10 juin 1940, il succombe à une crise cardiaque à Hammersmith, un quartier de Londres.
* « Un seul Dieu ! Un seul but ! Une seule destinée »