Il y’a soixante-sept ans, l’armée française massacrait 166 malgaches à Moramanga, dans la région de l’Alaotra-Mangoro. A cette époque, l’île est une colonie française, habitée par quelques 35.000 colons, alors que le combat pour l’indépendance s’annonce doucement en Afrique francophone, Madsagascar y compris.
Le mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) rassemble rapidement plus de 20.000 malgaches désireux de se réapproprier leur terre ; des actions sont ainsi organisées un peu partout sur le territoire. Le 30 mars 1947, éclate une insurrection dont l’initiative n‘émane pas du MDRM et qui sera le point de départ de la tragédie qui survint quelques jours après.
En effet, la répression ne tarde pas et ordre est donné à l’armée française de mater la rébellion. S’ensuivront de terribles répercussions pour la population, dont le massacre de Moramanga.
Ainsi, 166 des personnes arrêtés sont chargées dans un train réservé au transport du bétail. Enfermés dans trois wagons plombés, ils sont amenés jusqu’à Moramanga où ils resteront enfermés dans ce train maudit jusqu’à minuit, heure à laquelle les militaires escortant le convoi reçoivent l’ordre de faire feu. Craignant que les insurgés du coin entreprennent de libérer les otages du train, l’armée française tire à bout portant.
94 personnes sont tuées sur le coup et les 71 survivants jetés en prison, sans aucune nourriture. Ils subiront ces conditions pendant trois jours, avant d’être conduits au peloton d’exécution, sur ordre du général Casseville, le 8 mai 1947. Les prisonniers seront fusillés face à leurs fosses respectives, préalablement creusées.
C’est un dénommé Rakotoniaina, le 95 ème otage, grièvement blessé et laissé pour mort dans le train, qui racontera cet ignoble épisode de l’histoire coloniale française, surnommé « l’histoire du train de Moramanga ».
Anofip, le 5/05/2014 www.anofip.org