Rappel sur des personnages oubliés…. ou méconnus :
Les lettres de noblesse de la littérature afro-américaine 50 ans après Luther King
«Les écrivains noirs ont joué un rôle de plus en plus important dans le débat national sur les races et la démocratie américaine», fait valoir James Miller, professeur de littérature afro-américaine du XXe siècle à l’Université George Washington. Quasiment ignorée avant le mouvement des droits civiques dont Martin Luther King fut il y a un demi-siècle, la figure la plus éloquente, la littérature noire-américaine est devenue partie intégrante de l’identité culturelle américaine : «Quand j’ai fait mes études à Stanford (Californie) en 1962, on n’étudiait pas d’écrivains noirs dans la littérature américaine», raconte Carolyn Karcher, professeur de littérature à l’Université de Temple à Philadelphie. «Il n’y avait pas non plus d’étudiants ou de professeurs noirs, ou très peu».
Un demi-siècle plus tard, une auteure comme Toni Morrison a obtenu avec «Beloved» le prix Pulitzer en 1988, hommage littéraire le plus prestigieux aux Etats-Unis, et le Nobel en 1993 : «Gagner en tant qu’Américaine est très spécial, mais gagner en tant que noire-américaine est sensationnel», dira-t-elle, en recevant son prix.
Des écrivains comme Alice Walker («La couleur pourpre», 1982), Terry McMilan («Où sont les hommes?», 1992) ou encore Zane, l’auteur de romans érotiques, sont aujourd’hui régulièrement primés ou parmi les mieux vendus dans les librairies américaines : «Aujourd’hui il est impossible de suivre cette filière sans étudier les écrits des Afro-Américains», explique Carolyn Karcher. «Le mouvement des droits civiques a stimulé les jeunes Noirs qui ont manifesté sur les campus pour que les programmes changent».
Sous l’impulsion de la poète noire Sonia Sanchez, notamment l’Université de San Francisco ouvre en 1968 le premier département de «Black Studies» qui reconnaît la littérature afro-américaine comme un genre à part entière.
Beaucoup d’écrivains noirs imprégnés, au même titre que Martin Luther King, de la longue lutte des Noirs pour l’égalité et la liberté, se sont inspirés du pasteur devenu une icône après son assassinat en 1968. Parmi eux, l’essai «The King God didn’t save» (1970) de John A. Williams, le roman «Dreamer» de Charles Johnson (1998) ou encore la bande dessinée «King» de Ho Che Anderson.
Dans «Meridian» (1976), Alice Walker dépeint une héroïne qui adopte les méthodes de résistance pacifique du pasteur dans un Sud en plein bouleversement au début des années 1960. Le dernier chapitre intitulé «Free at last» est une allusion directe au discours «I have a dream» prononcé par King le 28 août 1963 à Washington.
«Les écrivains noirs ont joué un rôle de plus en plus important dans le débat national sur les races et la démocratie américaine», fait valoir James Miller, professeur de littérature afro-américaine du XXe siècle à l’Université George Washington.