Lukeni, fondateur du royaume de Kongo

Les origines du royaume de Kongo sont mal connues et celles de son fondateur légendaire, Lukeni lua Nimi, ne font pas exception. Elles nous sont parvenues par un ensemble de traditions parfois contradictoires, dont il est toutefois possible de faire la synthèse que voici.

Par Sandro CAPO CHICHI

Origine

Lukeni lwa Nimi naît vraisemblablement au XIVe siècle. Son père est Nimi a Nzima, le roi de Vungu, un territoire localisé sur la rive droite du fleuve Congo près de l’actuelle ville de Matadi en République Démocratique du Congo. Sa mère est Lukeni lwa Nsanza, la fille du roi Mpuku a Nsuku de l’État de Mbata, localisé à l’est du fleuve Kwilu, près de la jonction du fleuve Kwango et de la frontière entre la République Démocratique du Congo et l’Angola. Pour permettre à ses héritiers de conserver son trône, Nimi a Nzinga aurait effectué une alliance avec Mpuku a Nsuku qui lui aurait en échange offert sa fille en mariage. De son côté Mpuku a Nsuku gagnerait dans l’alliance le maintien au pouvoir à Mbata des membres de son clan appelé Nsaku. De cette union est né Lukeni lwa Nimi, probablement au début de la seconde moitié du XIIIe siècle. Il porte le même prénom que sa mère, hérité de son nom de clan, alors que son père serait issu du clan Nzinga, le seul autorisé à régner. Étant l’un des plus jeunes enfants du roi de Vungu, il ne pourra donc pas hériter du trône.
Avant les conquêtes

La tradition rapporte que Lukeni est un jeune homme courageux et bon guerrier. Il est frustré de ne pouvoir accéder au trône de son père et que son territoire soit très peu étendu.
Un jour, sa mère a une altercation avec un batelier qui lui demande, narquois, si elle se prend pour la mère du roi. Elle rapporte cet événement humiliant à son fils qui lui promet de devenir roi un jour.
Lukeni effectue peut-être quelques raids ou conquêtes sous l’autorité de son père. La politique extérieure de celui-ci consiste en effet régulièrement à conquérir, puis à dissoudre des États environnants, dont les États voisins de Nsi a Kwilu et Mpemba Kasi.
Un jour, alors que Nimi a Nzinga lui ordonne de récolter à sa place le péage de passants sur un fleuve, il rencontre l’une de ses tantes, enceinte. Il lui ordonne de payer la taxe, ce qu’elle refuse. Lukeni la tue en retour, traverse le fleuve et s’enfuit vers le sud avec son maigre butin, fuyant la colère de son père. Celui-ci ne lui en tient pas rigueur, soit parce qu’être sanguinaire est apprécié dans sa culture, soit parce que cette action prouve son engagement dans la fonction royale.

Les conquêtes

En fuite avec ses suivants, Lukeni conquiert la région de l’actuelle Mbanza Kongo en Angola vers 1390. Elle est alors partagée entre l’autorité de Mwene Kabunga et de Mabambolo Mwene Mpangala. Le premier est une autorité religieuse sur la sous-région, une sorte de pape. Le second est en revanche un chef politique. Ces deux souverains règnent sur des populations proches des populations ambundu actuelles et des populations mbaka dites « pygmées ». Toutefois, dans de beaucoup traditions africaines, la terre est habitée par les ancêtres des autochtones et leur appartient. Après avoir pris les terres de la région de Mbanza Kongo, Lukeni est pris de convulsions. Il sollicite alors l’aide de Mwene Kabunga qui le guérit. Lukeni et Mwene Kabunga reconnaissent leur légitimité mutuelle dans les domaines politique et religieux.

Lukeni mène alors des conquêtes plus au sud. Pour y parvenir, il déplace définitivement sa résidence sur une colline qui devient Mbanza Kongo, la capitale de son nouvel état, Kongo. Il en devient le ntinu, ou empereur.
Par le biais d’alliances et de conquêtes, il agrandit son territoire qui inclut bientôt celui de son père, mais aussi les futures provinces de Nsundi puis de Mpangu, parmi d’autres dont il attribue la gouvernance à ses généraux. Il meurt relativement jeune. Son cousin Kinanga lui succède sur le trône. La longue histoire du royaume de Kongo qui allait rayonner sur toute l’Afrique centrale allait commencer.

Naya
Naya
Fan de séries, de rock indé et des années 1990, elle pond des chroniques sur sa vie de femme noire en France et sur sa phobie des joggings Lacoste. Sur le net, vous la retrouverez plus facilement sous le nom de "La Ringarde", son identité secrète de super héroïne.

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