Les Akans sont un ensemble d’ethnies vivant en Afrique de l’Ouest, principalement au Ghana et en Côte d’Ivoire. Au nombre approximatif de 20 millions, ils se répartissent parmi plusieurs populations dont l’histoire et la culture ont eu et continuent à avoir une grande influence sur le monde noir en général. Bref récapitulatif des débuts de leur histoire.
Par Sandro CAPO CHICHI
Caractéristiques communes aux peuples akans
Mis à part l’autodétermination, les critères aujourd’hui communs aux peuples akans sont les suivants : la pratique de la succession matrilinéaire, c’est-à-dire l’héritage du pouvoir se faisant à travers le neveu maternel ; l’usage d’un système particulier de prénoms masculins et féminins basé sur le calendrier associé à un prénom issu du clan du père ; la monarchie où le roi est un homme possédant un siège, un sabre royal et des poids à peser l’or ; il est secondé par une puissante reine-mère ; des pratiques religieuses comme la fête de l’igname.
Peuvent être ainsi classés comme Akans les peuples suivants : les Adansi, Ahanta, Asante, Atchan, Fante, Akwapem, Akyem, Nzima, Baoulé, Anyi, Abron, Abouré, Abbey, Ahafo, Akwamu, Alladian, Avikam, Attie, Eotilé, Atchan, Adioukrou, Mbatto, Aowin, Egura, Sefwi, Kwahu, Wassa, etc. Ces critères pris un à un ne sont toutefois pas exclusifs aux Akans. Ainsi, des peuples jusqu’au Nigeria comme les Egun font usage du même système de prénoms que les Akan ; toujours au Nigeria, on retrouve la fête de l’igname, notamment chez les Igbos ; dans le royaume fon du Danxome, existait l’institution de la reine-mère ; des chefs évhés du Togo possèdent aussi sabre et siège, etc.
Les Akans ne sont pas un peuple uni linguistiquement. D’après les études les plus récentes, les populations dites « lagunaires », telles que les Atchan et Mbatto, parlent des langues plus divergentes des langues des autres Akans, parfois classées comme plus proches des langues parlées par les Guan que des langues des Akan dits « lagunaires ».
Origines
À l’instar de nombreuses populations d’Afrique noire, on trouve, chez les Akans, des traditions faisant remonter leur origine à l’Egypte ancienne. D’autres les font remonter au Moyen-Orient, au Maghreb ou aux empires du Ghana ou du Mali. A l’heure actuelle, il n’a toutefois pas été possible de prouver de manière convaincante l’une ces hypothèses. Toujours est-il que les traditions akans revendiquent une origine septentrionale de leurs ancêtres qui, en arrivant dans l’actuel Ghana, auraient rencontré des populations de langue Guan. Lesquelles auraient eu une influence notable sur la culture et la langue des futurs Akans.
Premiers États
Le premier royaume d’importance akan à avoir émergé est le royaume abron de Bono, autour de l’actuelle région de Brong-Ahafo (Ghana). Cet État, probablement fondé lors de la fin du XIVe ou au début du XVe siècle, a notamment dû son expansion à un commerce avec des populations mandingues du Nord, très demandeuses de l’or et de la kola que Bono pouvait leur fournir. En retour, les Mandingues eurent une influence significative sur la culture de Bono, qui, avec l’usage de chevaux, de coussins à la place de sièges ou d’une pratique – certes relative – de l’islam, présentent des traits culturels inconnus des autres Akans. Bono tombera au début du XVIIIe siècle sous les coups de la Confédération Asante auquel il sera intégré.
Peu après la fondation de Bono aurait émergé l’État d’Adansi, dont le cœur était situé dans l’actuelle région ashanti du Ghana. Adansi aurait été l’État dominant d’une confédération appelée « Akani ». La préséance d’Adansi sur les autres États de la confédération serait due à son rayonnement culturel. Cet État serait ainsi considéré par nombre d’ethnies akans comme le berceau de leur civilisation, voire de la création du monde. Y auraient émergé l’usage des sièges royaux et de l’architecture akans, des clans matrilinéaires, ou encore l’institution de l’Okyeame ou porte-parole.
Toutefois, la nature plus culturelle que militaire de l’Adansi entraînera sa défaite par les armes contre l’État de Denkyira vers 1659. Cet État possédant une organisation militaire effective entraînera l’Adansi et d’autres anciens États akan sous sa tutelle. Avec son contrôle de mines d’or, Denkyira devient une importante puissance commerciale qui traitera, notamment, avec différentes nations européennes.
Par son traitement oppressif des États sous sa domination, Denkyira s’attirera leur inimitié. Sous l’impulsion des Ashantis, une révolte s’organisera contre l’autorité de Denkyira. Vaincu en 1701, celui-ci intégrera la Confédération ashanti.
Entre-temps, vers 1500, s’était établi le royaume d’Akwamu autour de l’actuelle ville d’Accra, (actuel Ghana). Il prospère grâce au commerce de l’or puis s’étend aux dépens de populations évhé et guan de l’Est, de populations ga plus au Sud, et fanti plus à l’Ouest. Au début du XVIIIe siècle, Akwamu s’étend même jusqu’à l’actuel Bénin. Akwamu s’effondre vers 1730 devant les attaques d’autres populations akan, les Akyem et Akwapem.
Viendra alors l’émergence de la nation ashanti, dont les conquêtes allaient profondément bouleverser le paysage des populations akan du Ghana et de Côte d’Ivoire avec, notamment, les migrations des Abron, des Anyi et des Baoulé.
https://www.nofi.media/2018/02/la-confederation-ashanti/1780