Peut-on dire que le gang est l’une des rares formes d’organisation noire à avoir fonctionné ?
Avant que ces groupes aient une image désastreuse, de violence et de haine, notamment amplifiée par les médias ; ils furent, pour certains, une organisation noire porteuse de valeurs. A l’origine, ce sont des groupes organisés qui tentent de s’élever de cette condition misérable, de l’oppression subie par les noirs dans différents coins du monde. Ils se sont crées autour d’un message, d’une idéologie et d’un désir de fraternité.
Ainsi, il sera question d’évoquer les différents gangs de noirs ou formes analogues, leur motivation et leur portée, afin d’approfondir la réflexion
Le Gang noir en France
Le gouvernement a participé à salir ces rassemblements de bande, exclusivement constitués de jeunes noirs. Pourtant, l’arrivée de ce phénomène n’a rien à voir avec la tournure que prendront les événements plus tard. Au départ, pour la jeunesse noire de France, il n’y a aucune icône à qui s’identifier, aucun « frère » ou aucune « soeur » à admirer, ayant la même couleur, la même culture et ayant affronté les mêmes difficultés. Dans cette jeunesse en quête d’elle-même, certains sont nés ici, d’autres sont venus plus ou moins tôt ; mais tous se heurtent aux mêmes obstacles. L’exclusion sociale dans ces banlieues éloignées et enclavées (volontairement) de la capitale, la promiscuité de milieux modestes voire proche de la précarité, dont beaucoup sont issus de l’immigration, les amènent à s’interroger sur leur rôle et place dans cette société.
En effet, ce pays les rejette et leur demande de s’intégrer, sans nécessairement mettre en place les structures permettant cette assimilation. Ainsi ces facteurs, combinés à d’autres, ont permis l’adhésion au concept à l’américaine de la Zulu Nation.
A l’origine, donc, les bandes de jeunes noirs se regroupent afin de partager cette culture Hip-Hop et appartenir à un mouvement impulsé par l’un d’entre eux, qui les acceptent et dans lequel ils se retrouvent. Puis, ils constatent que les rues parisiennes leurs sont hostiles, car occupées par les skinheads, néo-nazis remplis de haine et de jalousie. En observant quotidiennement les agressions sur les populations appelées « minorités », et donc sur les noirs, une touet autre prise de conscience s’est opérée : C’est alors que ces bandes décidèrent de s’organiser pour défendre les leurs (femmes, hommes, enfants) agressés à cause de leur couleur.
Aussi, au début des années 80, ils devinrent chasseurs de skinhead : L’opération s’effectue par un travail méticuleux d’entraînement physique (Arts martiaux) et de stratégie. Un seul ennemi identifié représentait la menace, et donc le seul qu’il fallait détruire ; il n’était alors question que de rendre les rues plus sûres pour les noirs qui avaient à se rendre à Paris et ses environs. Plusieurs gangs existaient dans chaque secteur de la banlieue parisienne, on retiendra essentiellement les Fight Boys (Essone); les requins Vicieux (Yvelines) et les black dragons (Hauts-de-Seine et Val d’Oise). Ce dernier étant la réplique du gang homonyme originaire des Etats-Unis et fondé pour lutter contre le Klu Klux Klan. Le fils d’un des fondateurs, Yves dit «Le vent » professeur de Kung Fu sera désigné pour créer une cellule en France afin de combattre ces skinheads négrophobes. les Blacks Dragons obéissaient à des règles strictes de comportement dont beaucoup étaient similaires à celles prônées par la Zulu Nation; en voici quelques autres directement issues des arts martiaux:
« -maîtriser plutôt que blesser
-blesser plutôt que mutiler
-mutiler plutôt que tuer
-tuer plutôt que d’être tué « .
On constate que, bien qu’un tel rassemblement de noirs soit intimidant, et que ce sectarisme puisse être condamné part certains, l’objectif a été atteint. En effet, après ces années-là, plus aucun noir n’avait à craindre de marcher dans la capitale, même tard la nuit ; les skinheads encore présents dans quelques manifestations sportives, avaient été éradiqués, du moins, mis hors d’état de nuire. A ce moment-la fa ce à une telle violence, la seule réponse était d’user de cette même violence afin d’endiguer ce fléau.
Néanmoins, une fois les ennemis neutralisés, il ne restait aucune raison assez forte pour continuer positivement avec le gang. C’est ainsi que des affrontements entre noirs, qui défendaient le même message et partageaient le même combat naquirent et gangrenèrent les différents groupes. L’échec final de ces bandes, finalement rivales, participa à mettre un terme définitif à la pérennité d’organisations noires, tous buts confondus.
Toutefois, il est important de préciser que tout regroupement identitaire, de noirs particulièrement, a toujours constitué une menace pour l’establishment politique et ce, partout dans le monde. Cependant, ce système a fonctionné dans ses débuts et a représenté un mouvement fédérateur entre les noirs, le problème est que ces organisations n’ont pas su transmettre et perfectionner l’initiative.