Les Bambaras (bambara : bamanan; pluriel,Bamananw, Bamana ou Banmana) sont un peuple mandingue de l’Afrique de l’Ouest sahélienne, établi principalement au Mali. Ils formaient le « Royaume bambara de Ségou » d’Afrique de l’Ouest. Ils parlent le bambara.
Bambara, ou Banmana (de « Ban » = refus et « Mana » = Maître. Ce qui voudrait dire « ceux qui ont refusé d’être dominés ») ou Bamanan, homme des crocodiles. Au Mali, les Bambara constituent le groupe ethnique le plus important avec 35 % de la population (1 700 000), mais on rencontre aussi des Bambara au Sénégal, en Burkina Faso, en Mauritanie, en Côte d’Ivoire. Les Bambara, lorsqu’ils se sont mélangés à d’autres groupes ethniques, les ont toujours dominés. Les Ouassoulounké, qui habitent le pays situé entre Bougouni (Mali) et Siguiri (Guinée), bien que d’origine peul, ont les mêmes coutumes et le même artisanat que les Bambara. Les Dioula (70 000 au Mali) ont aussi beaucoup de liens culturels avec les Bambara, ainsi que les Malinké et les Khassonké. On retrouve particulièrement cette influence dans le style des masques et de la sculpture. Les Bambara occupent la vallée du Niger en partant de Bamako vers Ségou, San, Djenné, Mopti, Bandiagara. Au Nord Ouest se trouvent les Bambara du Bélédougou et du Kaarta; au Sud, ceux de Bougouni et de Sikasso, qui se trouvent minoritaires parmi les Minianka Sénoufo.
Histoire
Aux origines, l’ethnie Bambara se composait d’un certain nombre de clans, vassaux du Mali. Une légende raconte que deux frères Bambara partirent vers l’Ouest à la recherche d’un lieu sûr pour s’y établir. Ces deux frères, Baramangolo et Niangolo, n’ayant pas trouvé de pirogue pour traverser le Bani (affluent du Niger), une énorme silure (poisson du Niger appelé polio) s’approcha d’eux et les transporta sur son dos de l’autre côté du rivage. C’est pourquoi on les appelle : Kouloubali (koulou = pirogue, bali sans) qui devint Koulibaly. Ce furent, d’après cette légende, les deux ancêtres des deux grands royaumes Bambara.
Baramangolo était bon et généreux, il fonda la dynastie des Kouloubali du Royaume de Ségou (1600-1862), sur la rive droite du Niger.
Son frère Niangolo, méchant et cruel (il avait tué le poisson polio, son bienfaiteur) s’exila sur la rive gauche. Il fonda la dynastie des Kouloubali Massassi «( rejetons du roi »), futur Royaume du Kaarta (1633 1854).
D’après d’autres griots, cet épisode se serait produit plus tard, sous le règne de Biton Mamari Kouloubali (1712 1755). Toujours est il que la vérité historique prouve qu’au XVIIe siècle le Soudan occidental, corrompu par la domination marocaine, n’a plus d’Empires puissants et qu’ainsi les anciens clans vassaux Bambara se trouvèrent libres et fondèrent le royaume de Ségou et du Kaarta. Au XIXe siècle, ces deux royaumes Bambara durent affronter les attaques des ethnies voisines et furent obligés d’arrêter leurs rivalités. A l’arrivée du conquérant Toucouleur El Hadj Omar Tall, les deux royaumes se réconcilièrent et s’unirent avec les Peul du Macina pour lutter ensemble contre leur envahisseur commun. Ils furent tous vaincus et restèrent sous la domination Toucouleur jusqu’en 1890, à la prise de Ségou par les Français. Mais à cause de la résistance acharnée des Bambara et des Peul, El Hadj Omar n’arriva pas à créer un État stable. Les Bambara, furieusement indépendants, luttèrent avec courage contre les Français jusqu’en 1893 où le roi Badian, mis en place par les Français, signa la paix.
Economie
L’agriculture est la principale occupation des Bambara. Ils confient leurs troupeaux aux pasteurs Peul. Dans les arbres on peut remarquer des ruches (N’Gounou) en vannerie, le miel étant récolté par les Bambara.
Vie Sociale
Les Bambara sont divisés en trois grandes classes sociales.
1. Les Ton Tigui, guerriers propriétaires.
2. Les Nyamakala, gens de caste de Nyama = les artisans et les bardes comprenant : les Noumou (forgerons), les Lorho (artisans du cuir), les Koulé (artisans du bois), les Garanké (cordonniers et bourreliers), les Dieli (griots) et les Finah (bardes religieux)
3. Les Dyon (esclaves).
La société Bambara comprend un certain nombre de classes d’âge (flanton). Si un Bambara voyage, il trouvera toujours des compagnons de sa classe qui l’accueilleront en souvenir des épreuves subies au même âge.
Religion
La grande majorité des Bambara est restée animiste. Ils croient en un dieu de la création et de la lumière, nommé Faro. Le verbecréateur a engendré l’esprit Yo qui, à son tour, a engendré Faro , bâtisseur du monde, maître de la Parole, père de toutes les divinités de l’air et de l’eau, Il trône au septième ciel et envoie la pluie bienfaisante. Sa couleur est blanche. C’est Faro qui créa la première femme, Mousso Koroni, terre nourricière, mère de l’humanité. Toute une très riche mythologie se greffe sur cette origine.
Comme chez tous les animistes, on retrouve chez les Bambara le culte des esprits (mâne des ancêtres, des génies invisibles) qui aboutit aux fétiches (Boli) et aux gris gris. La place de la magie est encore très grande dans la vie quotidienne des Bambara. Un autre élément important dans la vie religieuse des Bambara est l’existence de nombreuses sociétés secrètes. Parmi elles, la plus importante est le komo. Chaque village a son komo, indépendant des autres komo. Il est placé sous l’autorité des forgerons. Il existe d’autres sociétés secrètes : nama, koré, kono, dio, nia, chacune ayant une fonction particulière dans la vie du groupe. Chaque société a ses masques figurant une tête d’animal ou un homme ayant les traits d’un animal. La plus célèbre sculpture bambara, le tyi wara (tyi = paille, wara = animal sauvage) appartient à la société kono dont l’enseignement est lié à l’agriculture. Le tyi wara conduit les danses lors des enterrements, des fêtes d’initiation, des prières pour la pluie et la fertilité des champs. Le fait d’appartenir à une société magico religieuse qui évoque des génies (danse aboutissant souvent à des transes) n’est pas incompatible avec la pratique de la religion islamique (qui reconnaît l’existence de génies).
Culture
Fêtes.
Fêtes religieuses, celles du komo déjà évoquées, célébrées au début des semailles et après les moissons; le mariage, qui donne lieu à des fêtes dont l’éclat dépend des ressources des parents du marié; les funérailles des chefs et des notables revêtues d’un faste particulier; la circoncision dont les fêtes durent plusieurs jours sans interruption. Les griots bambara sont réputés pour leurs chants épiques. Les ex-chants religieux du komo sont interdits aux femmes. Ils sont exécutés par les gens de caste, surtout les forgerons. Ce sont les griots qui sont chargés de conserver la tradition orale et musicale. Les danses bambara sont très nombreuses. La troupe nationale des Ballets du Mali en a fait connaître les plus caractéristiques. Il existe aussi des danses réservées aux femmes. Il y a des danses spéciales pour les castes des artisans : danse tagué ou diamara, exécutée par les forgerons et qui met particulièrement en valeur tous les muscles des danseurs (notamment ceux de la poitrine et des cuisses); danse domba, des cordonniers, aux motivéments très gracieux; danse kokoun kokoun (source, bord de la rive) célébrée par les pêcheurs Bozo, Somono et Sorko pour obtenir de bonnes pêches; danses spéciales des sociétés secrètes. Il faut aussi évoquer les marionnettes bambara de la région de Mopti et de San, au visage démesurément long, au nez à arête vive. Elles portent des coiffures avec des grandes nattes. Elles sont maniées par un homme caché par un paravent de tiges de bambou recouvertes de pagnes; les bras et les jambes mobiles sont mus latéralement par des ficelles. Autrefois, les marionnettes étaient au service du culte et symbolisaient l’esprit des morts. Aujourd’hui, il existe des marionnettes pour jouer des farces et des comédies classiques. Littérature orale. C’est souvent pendant les veillées que les griots récitent ou chantent des légendes bambara, évoquant les faits les plus marquants de leurs héros nationaux. Les Bambara pratiquent encore aujourd’hui une sorte de théâtre total avec des dialogues entrecoupés de danses et de chants (par exemple, zantegueba).
Il existe aussi une production littéraire populaire récitée par les korodiouga, secte des bouffons dont la langue imagée, les bons mots, les récits comiques amusent beaucoup les Bambara.
Artisanat
L’artisanat est pratiqué par des castes spéciales, sauf la vannerie, le tissage, la teinture qui peuvent être réalisés par tous. Les Nyamakala avaient la qualité d’hommes libres, certains pouvaient apprendre leur métier à leurs serviteurs dont les plus doués devenaient ainsi de bons ouvriers qualifiés, ceux ci, ne pouvant jamais ouvrir un atelier à leur compte, restaient attachés à leurs maîtres et n’accédaient jamais à la maîtrise. En effet « quiconque n’a pas été « ordonné » maître, en vertu de certains pouvoirs magiques détenus par les Nyarnakala, ne pouvait exercer convenablement le métier. Il risquait, en outre, de s’attirer le courroux des esprits, maîtres incontestés des métiers ».
Habillement
Les vêtements traditionnels de l’homme sont encore portés dans les villages : boubous brodés de dessins (sans significations symboliques), portés sous une tunique courte et une culotte bouffante. Les hommes se couvrent la tête, comme les Malinké, avec un bonnet dont les deux pointes peuvent être relevées ou rabattues sur les oreilles (bamba dah gueule de caïman). Ils portent en plus un chapeau de paille conique (gaban) pour se protéger du soleil. Les femmes portent généralement un pagne ouvert sur les côtés. Parure La coiffure traditionnelle de l’homme consiste en un cimier allant du front à la nuque et deux tresses latérales dont on noue les pointes sous le menton. L’oreille gauche percée permet d’y mettre un anneau porte-bonheur. La femme porte, outre le cimier, deux nattes de chaque côté de la tête. Gros anneaux d’or aux oreilles. Elles ont parfois la cloison nasale percée pour y suspendre un petit anneau d’argent ou de cuivre ou d’or. Colliers et bracelets nombreux. Des scarifications se font sur le visage et le corps. Elles varient en nombre et en forme selon les régions. Elles ont des pouvoirs occultes.