Hier, 25 février 2014, le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a déposé une plainte pour crime contre l’humanité, contre l’État français et la société de BTP Spie Batignolles, pour avoir eu recours, entre 1921 et 1934, aux travaux forcés pour la construction du chemin de fer Océan reliant la capitale du Congo, Brazzaville, à Pointe-Noire, soit 510 kilomètres de rails
Par Kandace
Des dizaines de milliers d’hommes, femmes et enfants venant de toute l’Afrique y ont succombé au transport, aux maladies, à l’épuisement et aux conditions de travail déplorables.
Pourquoi maintenant ?
Peut-être le CRAN ne connaissait-il pas cet épisode calamiteux de l’histoire du Congo (et de l’Afrique) que fut la construction du chemin de fer Océan ? Car ce sont les travaux de l’historien Olivier Le Cour Grandmaison qui sont à l’origine de ce dépôt de plainte. Pourtant, avant ce monsieur, de nombreux ouvrages documentés ont été écrits sur le sujet… par les concernés, entre autres.
Le CRAN entame cette action en se référant à la loi Taubira du 21 mai 2001, qui reconnaît tous les crimes contre l’humanité sans prescription, même l’esclavage.
Le travail forcé dans les colonies françaises n’a été interdit par la loi qu’en 1946 (grâce à l’ancien président ivoirien Felix Houphouët-Boigny), et n’est, de toute façon, pas reconnu comme crime contre l’humanité.
Sans reconnaissance du crime en tant que crime, ce qui est fort probable, l’action sera nulle et non avenue.
De plus, sachant que la loi Taubira est une coquille vide (si le crime contre l’humanité est reconnu, les réparations, elles, ne le sont pas), on est en droit de se demander pourquoi le CRAN intente cette action, si ce n’est pour se faire du buzz, car sa légitimité pour représenter les Noirs n’a jamais été reconnue par les intéressés eux-mêmes.