La tondeuse et le ciseau : M. BELLO

Cotonou est la capitale économique de la République du Bénin, un petit pays d’Afrique de l’Ouest. Comme dans beaucoup de pays de la région, la coiffure pour hommes y est une véritable forme d’art.

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Si la réputation du Bénin en la matière de coiffure pour hommes n’atteint ni celle du Ghana ni celle du Zaïre, il nous tardait lors de notre voyage à Cotonou d’offrir notre crâne à ses sculpteurs à tondeuse et à ciseaux.

Dans un salon plus ‘huppé’, propre et plus esthétique que la plupart des salons africains de France, où la coiffure homme est facturée à 10000 francs CFA (soit 15 euros contre 10 euros à Paris), la prestation est effectuée par un dénommé M. Bello. M. Bello est un jeune Béninois d’ethnie yoruba originaire de la ville de Porto Novo.

 

 

Avant de commencer, M. Bello me demande ce que j’ai en tête. Ma demande, très particulière, est comprise. Je n’ai qu’à lui en rappeler le détail une seule fois.

La coiffure est effectuée à la tondeuse et finie aux ciseaux, deux ustensiles lavés sous mes yeux. Les contours, esquissés à la tondeuse sont effectués avec une lame à usage unique et de la poudre. Le rasage de la barbe, évidemment inclus dans la prestation, est effectué avec le même procédé. Le tout avec précision et sans aucune précipitation.

Un petit bémol à cette performance : croyant bien faire, M. Bello a utilisé un rasoir spécial pour mes poils du nez. Ne connaissant pas les risques de cette pratique, j’ai passé deux jours à me moucher, parfois jusqu’au sang.

Après la coiffure, vient le moment du shampooing. L’exercice, effectué de manière traditionnelle par une esthéticienne, est accompagné d’un petit massage du crâne. Les cheveux sont séchés à la serviette, ce qui donne l’occasion de faire l’expérience d’un bref mais nouveau massage du crâne. La prestation se termine par le passage d’un gel sur les cheveux et par un recoiffage au peigne.

Le résultat est agréablement satisfaisant et je ressors de ce salon avec mes exigences comblées, tout en ayant passé un agréable moment.

 

Quelques jours plus tard, je croise M. Bello dans la rue où il m’interpelle. Il possède en réalité son propre salon, appelé ‘BELLO’ et n’est que collaborateur dans le salon ‘huppé’ où je l’ai rencontré.

Il m’invite à me rendre à son salon et me promet la même prestation à 2000 FCFA (environ 3 euros). Quelques semaines plus tard, je réponds à son invitation.

Si l’architecture extérieure en cabane du salon peut effrayer le client vivant en Occident, l’intérieur est largement au niveau de la propreté du des salons afro-parisiens.

Je ne sais pas si ma présence d’étranger disposant d’un gros budget y est pour quelque chose, mais les jeunes collaborateurs de M. Bello, également coiffeurs, nettoient systématiquement le sol après chaque coiffure. Le salon, relativement petit, est rempli de clients et très bien équipé : plusieurs miroirs accompagnent plusieurs produits cosmétiques et ustensiles de coiffure. On y trouve aussi un bassin pour se laver les cheveux, un sèche-cheveux et… une télévision.

Quand M. Bello s’occupe de moi, je le trouve moins attentif que la première fois. Il est en effet prêt à me coiffer avant que j’aie pu lui expliquer quoi que ce soit de es attentes.

Je prends donc l’initiative et avant qu’il ne commence, lui rappelle les particularités de ma coiffure, en lui demandant de faire ‘comme la dernière fois’. À nouveau, M. Bello ne cherche pas à en savoir plus et me rase directement et totalement à un endroit que je n’avais pas rasé la dernière fois. Premier accroc avec M. Bello, que ce dernier ne pourra, malgré tout pas régler.

Deuxième accroc : la tendance de M. Bello à faire tourner sans arrêt la chaise sur laquelle je suis assis, peut-être pour ne pas avoir à se déplacer. Il en résulte qu’en raison de mes rotations interminables, je ne peux juger nombre des modifications qu’il effectue.

Au final, je ne suis que moyennement satisfait de cette seconde coiffure avec M. Bello. Je lui reproche notamment de ne pas avoir fait preuve de plus d’attention pour connaître précisément mes attentes ;

Les conditions d’hygiène et les techniques de coiffure sont les mêmes que dans le salon huppé. J’ai également droit à un shampooing et à un séchage de cheveux avec une serviette.

En conclusion, voici les notes que nous attribuons à M. Bello sur la base de nos deux rencontres.

 

 

  1. Hygiène (propreté de l’équipement et du salon) : 4/5
  2. Attention et compréhension de la demande du client : 3/5
  3. Qualité du moment passé (douceur et caractère agréable du soin) : 4/5
  4. Traitement artistique de la demande du client (rendu individuel du coiffeur de la coiffure demandée) : 3,5/5

 

 

Note finale : 14,5/20

En conclusion, M. Bello est un véritable coiffeur. S’il ne l’était pas, il n’aurait pas été recruté par un salon prestigieux. C’est d’ailleurs ce potentiel qu’il a montré lors de notre première rencontre.

En revanche, au second rendez-vous, il ne s’est pas suffisamment préoccupé de ma demande, d’où la note un peu décevante par rapport à ses capacités.

Avec notre plus grande sincérité, nous invitons le lecteur, s’il passe par Cotonou, à se faire coiffer par M.Bello, jeune entrepreneur et artiste de la tondeuse et du ciseau. Il n’en sortira, s’il est précis dans son explication, que plus propre et plus beau.

 

 

BELLO, Fidjrossé, rue de Sea View Hotel, Cotonou, Bénin

PS : lors de notre rencontre, M. Bello nous a fait savoir qu’il construirait sous peu, dans la même rue, un même salon, plus spacieux et plus esthétique. Bonne chance à lui dans son aventure.

 

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