C’est en 1843 que cette femme yoruba capturée, déportée et privée de liberté pour travailler à Cuba, a mené une rébellion de premier plan pour libérer les esclaves de l’île.
Lukumi (« ami de confiance » en langue yoruba [Nigéria et Bénin]) n’était pas le véritable nom de cette femme de caractère, prénommée Carlotta.
Cette force de la nature a porté ce titre en qualité de chef de la rébellion. Les esclaves n’avaient le droit ni de communiquer entre eux ni, bien sûr, de protester, leur seule raison de vivre étant leur devoir absolu de servitude envers leurs maîtres.
Il fallait donc trouver un moyen de communiquer sans laisser transparaître le message : la musique. C’est par le son des tam tams que les esclaves de Mantanzas commencent à élaborer leurs plans de soulèvement. Les négriers espagnols ne voient dans le bruit de ces percussions qu’un rite ancestral en hommage aux défunts.
Deux Yoruba des camps de travail d’Arcana, Evaristo et Fermina, sont responsables des préparatifs de la révolte. Malheureusement, leurs complots sont découverts, Fermina est jetée en prison, mais parvient à s’en échapper aidée des siens. La rébellion éclate dans les camps de Triumvirato et Aracana sous la direction de Carlota et ses lieutenants.
La nouvelle des succès des leaders yoruba se répand comme une traînée de poudre, engendrant des soulèvements en cascade dans toute la région. Carlota et ses partisans mènent des attaques de guérilla pour libérer les esclaves, ce qui implique la destruction des récoltes et le ravage des plantations.
Terminé le temps de la soumission, il est temps de se faire entendre. Les esclavagistes dépassés lancent une véritable chasse à l’homme : il faut trouver et arrêter les leaders. Les esclaves et même les populations noires libres sont terrassés, on assiste à un terrible bain de sang. Carlota et Fermina sont capturées et exécutées.
Carlota est écartelé par deux chevaux, Fermina fusillée. Comme de nombreuses femmes vaillantes qui se sont levées face à la domination négrière telles que Hariett Tubman aux États-Unis, ou encore Nanny en Jamaïque, nos deux héroïnes yoruba ont leurs noms gravés dans l’Histoire du combat mené contre l’holocauste noir aux Amériques.
Sources : Afrocaweb, Africa America