Houegbadja est né Dokpo, probablement vers la fin du 16ème siècle. Il serait le fils de Dakodonu, un chef de la région de l’actuelle Abomey. Cette filiation serait soit biologique ou adoptive. Certaines traditions rapportent en effet que Dokpo aurait été un étranger originaire de la région d’Allada. Il aurait été adopté par Dakodonu, un roi autochtone d’ethnie Gede, peut-être d’origine yoruba. Nommé prince héritier, il se serait disputé avec son père et aurait été chassé de son domaine. Les raisons de ce différend varient selon les traditions. Selon certains cas, Dokpo aurait trompé son père adoptif avec sa femme Adonon, d’origine gede. De cette union seraient nés le futur roi Akaba et sa soeur jumelle Hangbe. Toujours est-il que le conflit entre père et fils aurait conduit Dokpo à demander l’asile chez un chef ennemi de Dakodonu appelé Adenyin. Dakodonu maudit son fils mais celui-ci se rachète à ses yeux en tuant Adenyin. Dakodonu meurt peu après et Dokpo devient roi sous le nom d’Aho et le nom fort de Houegbadja signifiant »Est-ce poisson de Dakodonou qui a refusé d’entre dans la nasse que vous allez prendre avec vous »? en référence à la mise en garde des conseillers d’Adenyin sur sa décision d’adopter Dokpo. En remerciement envers Kolli, il construisit son palais à côté du sien. Par vengeance envers les Awesu, il les attaqua et leur vola leur héraut, le kpanligan, qui depuis lors chante les exploits des rois du Dahomey.
Règne
Le début du règne de Houégbadja est daté approximativement vers 1645 ou 1650.
Après son accession au pouvoir, Houégbadja aurait hérité de l’épouse de son père Adonon avec qui il aurait eu un autre enfant vers 1673 qui régnera sous le nom d’Agadja. Certaines traditions créditent Houégbadja de l’invention du terme Dahomey après avoir tué un chef local nommé Dan et avoir bâti son palais sur sa tombe ou sur son ventre. Toutefois, cet épisode est parfois attribué à Dakodonu ou à Akaba et il est probable qu’il ne doive pas être attribué à Houégbadja. En effet, ce dernier en tant qu’ancêtre de tous les rois de Dahomey a tendance à se voir attribuer l’ensemble des institutions du royaume. En outre, si Houégbadja était à l’origine du terme Dahomey, il est peu probable qu’on lui ait retiré le crédit de cette innovation puisque la tendance va plutôt à lui attribuer le plus d’inventions possibles. Il aurait créé l’office de vidaho ou prince héritier. Désormais, l’héritier nommé par le roi peut être un fils autre que l’aîné : il est nommé selon ses qualités de leadership. Il aurait déclaré la peine capitale comme l’exclusivité du roi, aurait conquis des populations voisines et aurait conquis le pouvoir sur d’autres grâce au soutien du peuple. Sous son règne auraient établies les gbeto ou chasseuses d’éléphants, qui rapportaient au roi viande et ivoire pour célébrer des fêtes. Celles-ci et des gardes du corps féminines allaient plus tard dans l’histoire du royaume devenir les Mino ou Amazones de
Dahomey. Il entoura son palais d’une enceinte, qui donna son nom à sa capitale, la ville d’Abomey (Agbome signifie ‘dans l’enceinte’ en langue fon). Il établit le système de taxes créa la fête des ‘Grandes Coutumes’ destinées à renforcer la cohésion sociale entre le roi, le peuple et les ancêtres à travers la distribution de cadeaux et le sacrifice de prisonniers. Il aurait aussi nommé des ministres et donna sa structure au gouvernement du royaume. C’est sous le règne de Houegbadja que le royaume de Dahomey est pour la première fois mentionné par écrit. Il l’est sous le nom de Fo, nom de l’ethnie principale du royaume, les Fons. Houegbadja aurait gagné son indépendance du royaume d’Allada vers 1660-1661. Cet acte pourrait être à l’origine du statut exceptionnel accordé à Houegbadja dans l’histoire et la tradition fon. Il y est ainsi toujours invoqué à la fin de prières de divinités ou de cérémonies chez les Fon d’Abomey. La phrase qu’il aurait déclarée à son fils et successeur Akaba aurait donc été prémonitoire :
« Tout successeur qui accède à ce trône devra résider ici, dans mon palais ; il restera le successeur de Houegbadja et sera appelé Houegbadja, quitte à prendre un autre nom. Quand on verra un roi sur ce trône, c’est moi qu’on verra. » Il meurt vers 1680-1685.