Carl Lewis est l’un des quatre olympiens titulaires de neuf médailles d’or olympiques. À ce titre, il est largement reconnu comme l’un des plus grands athlètes de tous les temps.
Par Sandro Capo Chichi
Jeunesse
Frederick Carlton « Carl » Lewis est né le 1er juillet 1961 à Montgomery, dans l’Alabama aux Etats-Unis. Il est le troisième des quatre enfants de William et Evelyn Lewis (née Lawler). Son père est un ancien sprinteur et joueur de football américain, et sa mère, une ancienne sprinteuse participante aux jeux Olympiques de 1951 au 80 mètres haies.
Les enfants Lewis suivent la voie de leurs parents : Cleveland deviendra joueur de football, Mack champion régional d’athlétisme et Carol sauteuse en longueur de classe mondiale. Leurs parents déménagent à Willingsboro près de Philadelphie, et ouvrent un club d’athlétisme auquel Carl et Carol participent aux âges de 7 et 6 ans.
Le jeune Carl Lewis, en raison de sa petite taille, ne semble pas prédestiné à devenir un athlète et sa sœur Carol le domine régulièrement dans les compétitions d’athlétisme. Sous l’impulsion de ses parents, l’enfance et l’adolescence de Carl sont centrées sur l’athlétisme. Au lycée, après avoir perdu une course, il subit les moqueries de ses camarades. Dès lors, il se jure de ne plus jamais être humilié sur la piste et, pour cela, de travailler plus dur qu’il ne l’a fait jusqu’à présent.
Les premiers résultats
Après des performances prometteuses au 100 mètres et à la longueur, durant l’été 1979, il saute 8 m 13 en longueur, peu après avoir été diplômé du lycée. Il bat, par la même occasion, le record national lycéen de la discipline. Dès lors, il reçoit de nombreuses propositions de bourses de la part d’universités. Il choisit celle de Houston où il rejoint l’entraîneur Tom Tellez qui a su l’impressionner par sa connaissance du sport et qui restera son coach durant le reste de sa carrière. À son contact, Carl apprend à maîtriser la technique du double ciseau en saut en longueur, qui lui permet de remporter les épreuves de saut en longueur lors des NCAA (jeux interuniversitaires américains) en 1980, atteignant une performance de 8 m 35. La même année, il se qualifie pour les jeux Olympiques de Moscou en saut en longueur et pour le relais 4 x 100. Il n’y participera toutefois pas en raison du boycott international organisé contre les Jeux. Cependant, il crée la sensation après avoir battu le record du saut en longueur indoor en 1981, avec une performance de 8 m 50.
Le nouveau Jesse Owens ?
L’année 1981 voit aussi Carl Lewis devenir un athlète de classe mondiale dans le 100 mètres. Dans cette discipline, comme en saut en longueur, il réalise le doublé au Track Athletic Congress et aux NCAA, imitant la performance du légendaire Jesse Owens en 1936. Les comparaisons avec Owens, son idole de jeunesse, abondent alors dans les médias. En 1982, il quitte l’Université d’Houston pour s’installer à Santa Monica en Californie.
Aux Championnats du monde de 1983 à Helsinki, il remporte les épreuves du 100 mètres, du 4 x 100 m et du saut en longueur.
L’année suivante, il est la star des jeux Olympiques qui se tiennent dans son pays à Los Angeles. En remportant 4 médailles d’or d’athlétisme lors d’une seule édition des JO, avec le 100 mètres, le saut en longueur, le 200 mètres et le relais 4 x 100 mètres (avec un nouveau record du monde pour cette épreuve), il égale le record de Jesse Owens.
D’un point de vue sportif seulement, car Lewis plaît peu au public américain. Issu de la classe moyenne – là où la plupart des athlètes américains sont issus des classes populaires, voire des ghettos – socialement réservé, revendiquant souvent sa volonté de gagner de l’argent, il est aussi soupçonné d’homosexualité par le public.
L’émergence de rivaux
Après son succès à Los Angeles, Lewis conserve sa suprématie sur le saut en longueur, mais voit émerger un rival sur le 100 mètres en la personne du sprinteur canadien Ben Johnson. Lewis remporte le saut en longueur aux Championnats du monde de 1987 à Rome, mais est défait par Johnson lors du 100 mètres, ce dernier affichant un record du monde de 9’83’’.
La rivalité entre les deux hommes se poursuit à travers courses et provocations interposées dans la presse jusqu’aux JO de 1988. À cette occasion, Lewis projette de rééditer son exploit de 1984, mais l’objectif n’est pas atteint. Il remporte l’argent sur le 200 mètres, l’or dans le saut en longueur mais est battu par Johnson sur le 100 mètres, qui réalise un temps de 9’79’’ contre son propre score de 9’92.
Peu après, Johnson est disqualifié pour dopage et Lewis récupère la médaille d’or, ainsi que le record du monde du 100 mètres. En 2003, un médecin américain dira toutefois détenir des preuves attestant de l’usage de produits dopants par Lewis lors des JO de 1988, ce que l’athlète justifiera comme une consommation par inadvertance.
Il améliore cependant son record mondial aux Championnats du monde de Tokyo en 1991, avec un temps de 9’86’’, mais finit deuxième derrière son compatriote Michael Powell, qui met ainsi fin à dix ans d’invincibilité de Lewis dans la discipline. Par la même occasion, Powell bat le vieux record de Bob Beaman de 8m 90 (1968), qui avait échappé à Lewis depuis le début de sa carrière.
Un déclin clairsemé de victoires
L’année suivante, alors qu’il semble sur la piste descendante et qu’il n’a pu se qualifier en sprint pour les JO de Barcelone, Lewis crée la surprise en battant Powell dans l’épreuve du saut en longueur et en participant à la victoire du relais américain du 4 x 100 m, avec un record du monde à la clef dans cette discipline.
Après des performances moyennes, il crée une énorme surprise en 1996 aux JO Atlanta en remportant pour la quatrième fois consécutive la médaille d’or dans l’épreuve du saut en longueur.
Une performance incroyable, Carl Lewis étant le seul athlète, à ce jour, à avoir remporté à deux reprises l’épreuve du saut en longueur.
Il se retire du sport l’année suivante, une retraite méritée pour un immense champion, dont la vie rythmée par l’entraînement et les performances, a laissé peu de place, dans les lignes et peut-être dans la réalité, à une vie privée.